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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, xii-xiii.

encore leur ignorance des faits démontrés par les dissections. Ils regardent, en effet, l’encéphale comme une sorte d’excroissance, de rejeton de la moelle épinière, et prétendent conséquemment qu’il est formé de longues circonvolutions ; cependant, le parencéphale, tout en étant le corps qui touche à la moelle épinière, participerait peu à une pareille structure, tandis que l’encéphale antérieur la montre à un degré très-prononcé et très-évident. En outre, erreur plus grave, ils ignorent que la moelle épinière fait suite seulement aux parties situées à la base de l’encéphale, lesquelles sont les seules parties dépourvues de circonvolutions, car, étant dures, elles possèdent par elles-mêmes une assiette solide et n’ont aucun besoin que la pie-mère les tapisse et les consolide. C’est ainsi que des hommes de mérite s’abaissent nécessairement lorsque, ayant dédaigné la vérité, ils s’obstinent à soutenir les opinions qu’ils ont établies a priori.

De même encore, ceux qui prétendent que le crâne est le moule de l’ encéphale, paraissent ignorer qu’il existe un espace entre l’encéphale et la dure-mère (cavité de l’arachn.), et que cette dernière, si elle est en contact avec le crâne, n’y adhère pas ; ils ne savent même pas non plus ni que la dure-mère devait être modelée d’abord, ni que le crâne lui-même est tel[1].

  1. Ἀλλὰ καὶ ὅσοι πρὸς τοῦ κρανίου διατετυπῶσθαί φασι τὸν ἐγκέφαλον, οὔθ᾽ ὅτι τῆς σκληρᾶς μήνιγγος ἀφέστηκεν αὐτὸς, οὔθ᾽ ὡς ἐκείνη τοῦ κρανίου ψαὑει μὲν, οὐ συμπέφυκε δὲ γινώσκειν ἐοίκασιν, ἀλλ᾽ οὐδὲ ὡς ἐκείνην ἐχρῆν ἐντετυπῶσθαι πρότερον, οὐδ᾽ ὡς αὐτὸ τὸ κρανίον ἐστὶ τοιοῦτον. Vulg. et ms. 2154. Daleschamps traduit : « Ceux aussi qui disent le cerveau être formé sur ce crâne, comme sur un moûle, ne semblent avoir connu que le cerveau est séparé de la dure-mère, et qu’icelle touche bien le crâne et toutesfois ne luy ait adhérente. Et de plus, n’ont point entendu qu’il eût fallu que la dure-mère eût été formée devant le cerveau ; tellement que le cerveau seroit plutôt formé sur icelle que sus le crâne : ny aussi que le crâne n’est pas semblable au cerveau [pour ce qu’il n’a aucune figure des replis et entortillures du cerveau à la marge] ny contenir devant lui. » Daleschamps dit à la marge que ces mots : tellement… sus le crâne, sont adjoutés paraphrastiquement. Mais ici comme plus haut (p. 532, note), il nous donne une traduction de fantaisie ; le fait est que Galien s’est exprimé à la fin de ce paragraphe d’une façon si obscure, ou que le texte a subi de telles altérations, qu’il est impossible, du moins pour moi, de trouver un sens certain. J’ai dû me contenter du mot à mot, sauf à trouver plus tard, à l’aide d’autres manuscrits, une explication satisfaisante.