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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.



Chapitre x. — Utilités de l’existence de deux ventricules du cerveau. — L’utilité que Galien développe dans ce chapitre, c’est que si l’un des deux ventricules est lésé, l’autre le supplée. — Fait pathologique qui le prouve.


Maintenant nous traiterons d’abord des ventricules de l’encéphale, de la grandeur et de la position de chacun d’eux, de leur forme, de leurs communications entre eux, de leur nombre, puis des parties qui leur sont superposées ou qui les avoisinent. Les deux ventricules antérieurs (ventricules latéraux) opèrent l’inspiration, l’expiration et l’exsufflation de l’encéphale. Nous avons ailleurs démontré ces faits (Utilité de la respiration, I, v). Nous avons aussi démontré qu’ils préparent et élaborent pour lui le pneuma psychique[1]. De plus, nous avons dit tout à l’heure (chap. vii) que par leurs parties inférieures (lisez antérieures) qui communiquent avec les narines, ils sont à la fois un organe, de l’odorat, et un canal destiné à l’écoulement des superfluités.

Il était mieux qu’il existât deux ventricules et non pas un seul, attendu que l’ouverture inférieure a été créée double, que tous les organes des sens sont doubles, que l’encéphale lui-même est double. Cette gémination présente encore une autre utilité dont nous parlerons quand nous arriverons aux organes des sensations (IX, viii ; X, i ; XI, x). Mais la première utilité la plus générale des organes doubles, c’est que si l’un vient à être lésé, l’autre le supplée dans son office.

Nous avons été témoin à Smyrne, dans l’Ionie, d’un fait merveilleux : nous avons vu un jeune homme, blessé à l’un des ventricules antérieurs, survivre à cet accident, à ce qu’il semblait, par la volonté d’un Dieu. Il est certain qu’il n’eût pas survécu un instant si tous deux eussent été blessés à la fois. De même, si en laissant de côté les blessures, quelque mal survient à l’un d’eux, l’autre n’étant pas affecté, l’animal sera moins attaqué dans son existence que si tous les deux étaient à la fois malades. Or s’il existe deux ventricules et que tous deux soient atteints, c’est la même chose que si un seul existant dès le principe, ce ventricule

  1. Hoffmann (l. l., p. 197) veut qu’il s’agisse ici, non des ventricules, mais du rets admirable. J’examine cette question dans la Dissertation sur la physiologie.