Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/588

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
554
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, ix.

Comme les bons ouvriers, qui, ne pouvant forger le casque adhérent à la tête, et qui veulent néanmoins que le casque la presse solidement sur toutes ses faces, préparent des attaches convenables aux endroits opportuns, et ainsi l’adaptent avec tant de précision qu’il semble ne le céder en rien à un casque naturel : de même la nature ne pouvant, à cause de la différence originelle des substances, ajuster de tous points la membrane au crâne, bien que cela fût utile, a inventé le seul expédient possible pour sa sûreté, imaginant plus de liens que Vulcain n’en a forgé. Ceux-ci ne pouvaient qu’attacher ; ceux-là, outre cet usage, en offraient d’autres encore plus importants.

Quels sont donc ces ligaments (adhér. de la dure-mère au niveau des sutures) ? comment s’attachent-ils autour du crâne ? comment le rattachent-ils à la dure-mère, et quelles autres utilités présentent-ils aux animaux ?

Les ligaments, minces membranes, naissent de la méninge même ; les sutures de la tête sont les chemins qu’ils suivent pour en sortir. Tendus chacun dans la direction de la région dont il est issu, ils se rencontrent les uns les autres au fur et à mesure qu’ils avancent, se relient, se rattachent, s’unissent complétement et, par leur réunion, engendrent une membrane commune nommée péricrâne. Que cette membrane rattache la dure-mère au crâne, même avant de le voir dans une dissection, la raison vous l’indique. Ce n’est pas maintenant le moment de dire quelles autres utilités elle offre aux animaux. (Cf. IX, i et xvii.) Déjà comme un cheval emporté, oubliant la borne, notre discours a franchi les limites convenables[1]. Revenant sur mes traces, je retourne à l’encéphale, d’où m’a écarté la suite des raisonnements tandis qu’aux explications, de la pie-mère je rattachais celles de la dure-mère, et à ces dernières celles du crâne et du péricrâne.

  1. Ce passage paraît imité de Platon, Lois, III, p. 701 où on lit : « Il me semble qu’il est nécessaire de tenir de temps en temps ce discours en bride comme un cheval, de peur que perdant son frein, il ne nous emporte bien loin de notre sujet, et qu’il ne nous fasse, ainsi que dit le proverbe, tomber de dessus un âne. » Cette locution proverbiale Ἀπό τινος ὄνου πεσεῖν, signifie faire les choses tout de travers, ne pouvoir pas même se tenir sur un âne, bien loin de savoir monter sur un cheval. Voy. aussi la Collection des Parémiographes, de Schneidewin et Leutsche, Gœtt., 1839-51, t. I et II, p. 47 et 219.