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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

éléments étaient d’une nature opposée, un Dieu plaça entre eux l’eau et l’air ; de même je puis dire que l’encéphale et le crâne étant de substances contraires, la nature établit entre eux les deux membranes, ne se bornant pas à les rattacher seulement par un seul lien de bon voisinage. En effet, un véritable milieu n’est pas milieu seulement par sa position, mais par sa nature. Or un milieu par nature est celui qui est à distance égale des extrêmes.

Les deux membranes ne différaient pas également de l’encéphale et du crâne. Ainsi la pie-mère tenait moins de la dureté de l’os que de la mollesse de l’encéphale. En revanche, la dure-mère était beaucoup plus dure que l’encéphale, et était un peu plus molle qu’un os. Si donc la nature eût créé seulement la pie-mère, les rapports de cette dernière membrane avec le crâne n’eussent pas été exempts de danger. Si la nature eût créé seulement la dure-mère, dans ce cas c’était l’encéphale même qui était exposé. En conséquence, pour que ni l’encéphale ni son enveloppe n’éprouvassent de lésion, la pie-mère a été établie la première, et sur elle la dure-mère, plus molle qu’un os dans la même proportion qu’elle est plus dure que la pie-mère. Celle-ci, de son côté, est plus molle que la dure-mère, dans la même proportion que l’encéphale est plus mou qu’elle-même.

La nature employant donc deux milieux, tout différents qu’ils sont de propriétés, a établi l’un près de l’autre sans danger le crâne et l’encéphale. Ainsi la membrane choroïde est l’enveloppe adhérente de l’encéphale, comme la peau est celle de l’animal. La dure-mère n’est pas une enveloppe adhérente à celle-ci, bien qu’en beaucoup de points elle soit unie avec elle. Cette dernière, à son tour est recouverte comme d’un casque par un os superposé extérieurement, que l’on nomme petit casque (κρανίον, crâne). Aucune de ces dispositions n’a été négligée par la nature.

    proportion d’atteindre parfaitement ce but… Comme il convenait que le corps de l’univers fût un solide et que les solides ne peuvent jamais être unis par un seul moyen terme, mais toujours par deux, Dieu a placé l’eau et l’air entre le feu et la terre, et c’est ainsi qu’il a construit par cette union ce ciel visible et tangible. » Traduction de M. Henri Martin, p. 91. — Voy. aussi pour l’explication de ce passage, Macrobe, Songe de Scipion, I, vi, § 32 suiv., t. I, p. 43 ; suiv., ed. de L. Janus. Lipsiæ, 1848.