Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/584

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
550
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, vii-viii.

superfluités ne pouvaient être rejetées si elles ne filtraient longtemps et peu à peu, et l’ascension des principes odorants n’aurait absolument pas lieu si les retards du passage leur permettaient de se rassembler, de se confondre, de s’unir, et de retourner à leur ancienne nature, qu’ils ont perdue en s’atténuant. Mais dans l’état actuel, grâce à la combinaison des fonctions, l’appréciation des odeurs a lieu avec l’inspiration, et l’expulsion des matières avec l’expiration. Or dans ces fonctions la force avec laquelle l’air est apporté entraîne beaucoup de particules qui, par leur propre mouvement, n’auraient pu passer. D’un autre côté l’appréciation des odeurs n’est pas médiocrement utile à la respiration même en ne laissant pas s’introduire à notre insu les vapeurs pernicieuses avec l’air pur. Le sens incommodé par elles nous force, en effet, soit à les fuir au plus tôt, soit à porter à notre nez un corps qui arrête les vapeurs en donnant passage à l’air.

Pour débarrasser les conduits olfactifs, parfois obstrués par des matières visqueuses et épaisses, on ne pouvait concevoir une disposition meilleure que la disposition actuelle. Créés, en effet, non-seulement comme organes d’olfaction, mais aussi de respiration, ils sont doublement purifiés et par l’air qui entre et par l’air qui sort. S’ils venaient à être obstrués trop fortement pour être débarrassés par des courants d’air moyens et ordinaires, nous aurions recours à l’action dite de souffler (ἐκφύσησις), qui est une expiration brusque[1], et, par la violence des mouvements, nous expulserions toute la matière fortement enclavée.

Ainsi ce n’est pas un échange de services médiocres ni vulgaires qui se produit mutuellement entre les fonctions et les utilités nombreuses créées à la fois aux extrémités des ventricules antérieurs. C’est pour que l’animal vive et vive plus agréablement que la nature a imaginé cette réciprocité ; il résulte encore un grand avantage de ce qu’il n’est pas besoin d’autant d’organes qu’il existe d’utilités, et que souvent un seul organe suffit à des fonctions et à des utilités nombreuses.

  1. Voy. pour la définition de l’ἐκφύσησις et de l’ἀθρόα ἐκπνοή, liv. VII, chap. v, p. 466, note 3.