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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

tueux à la fois, en sorte qu’un long trajet, un long circuit doit être parcouru d’abord par tout corps qui, les traversant, s’achemine vers l’encéphale. Cette disposition apporte, ce me semble, une nouvelle preuve de la grande sagesse du Créateur des animaux.

Précédemment nous l’avons loué de ce que souvent il rend un seul organe propre à plusieurs fonctions. Maintenant nous avons quelque chose de plus à démontrer, c’est que ces fonctions sont l’une pour l’autre d’une utilité non médiocre. En effet une fois que ces remparts semblables à des éponges ont été établis pour la sûreté de l’encéphale, l’organe de l’olfaction courait risque avec eux de se trouver incomplet, s’il n’eût obtenu encore le moyen de respirer.

En effet, aucune substance ne peut traverser aisément les corps spongieux par la seule impulsion qui lui est propre. Souvent l’eau même qu’ils renferment[1], et qui de sa nature tend perpétuellement en bas et s’écoule de ce côté, ne laisse cependant pas tomber une goutte, bien que dans les instruments percés comme des cribles elle s’échappe rapidement. En sens inverse, si des vapeurs arrivent au-dessous de l’os ethmoïde, cet os spongieux arrête leur passage, tandis que les corps percés comme un crible les laissent monter. En effet ceux-ci rompent seulement la continuité des substances, mais les corps spongieux les arrêtent dans leur mouvement propre. Aussi pour qu’un semblable corps laisse tomber rapidement son contenu, il faut, ou le comprimer de tous côtés, comme les mains pressent une éponge, ou attirer vivement ce contenu, comme vous faites en suçant avec vos lèvres, ou bien lui imprimer une impulsion brusque en arrière, comme lorsqu’on souffle dans les instruments de cette nature pour les déboucher.

Dans ces os spongieux, la fonction de l’inspiration et de l’expiration s’exécutera bien. L’une a lieu quand l’encéphale attire l’air intérieurement, l’autre quand il le chasse au dehors. En effet les

  1. « Per τὸ ὕδωρ ἐν αὐτοῖς περιεχόμενον, intelligo ὀῤῥὸν φλέγματος, quem supra nominavit, libr. VII, cap. VII, [p. 471, l. 1] ; hoc est tenuem et aquam pituitam, quæ sæpe per nares extillat. » Hoffmann, l. l., p. 189.