Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/582

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
548
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, vii.

l’air en vue de la respiration, les exhalaisons en vue de l’appréciation des odeurs, enfin pour expulser subitement, s’il en était besoin, la masse des superfluités, et comme il résultait nécessairement d’une semblable structure une grande susceptibilité pour la membrane même, un grand inconvénient pour l’encéphale, le plus important des viscères, la nature a placé au-dessous un os percé de diverses façons, comme une éponge (ethmoïde), pour prévenir du dehors l’irruption d’un corps dur, et pour empêcher, quand nous respirons, l’air froid de pénétrer immédiatement dans les ventricules du cerveau ; car nous ne devions pas toujours respirer un air modérément froid, il pouvait, au contraire, être excessivement froid. Si donc, dans cette circonstance, il se fût jeté en droite ligne sur l’encéphale, il l’eût refroidi outre mesure, et eût mis en péril la vie même.


Chapitre vii. — Les trois fonctions que remplit l’organe de l’odorat, se rendent de mutuels services grâce à l’heureuse disposition des parties : les os ethmoïdes sont créés pour la sûreté de l’encéphale ; mais leur structure même aurait gêné l’odorat, si l’encéphale, en aspirant et en expirant n’eût altéré l’air et expulsé les superfluités ; à son tour, l’odorat, en percevant les odeurs, nous avertit si l’air que respire l’encéphale est sain ou nuisible.


Mais ces os troués et caverneux établis au-devant des membranes et appelés ethmoïdes par les anatomistes ont été créés pour prévenir un semblable accident. Il serait mieux de ne pas nommer ces os ethmoïdes, mais plutôt spongoïdes, d’après la comparaison faite par Hippocrate[1]. En effet leurs trous sont variés comme ceux des éponges, et ils ne sont pas percés en ligne droite comme dans les cribles. La dure-mère, il est vrai, qui recouvre l’encéphale, est percée comme un crible, mais les os placés devant elle sont percés d’une façon plus variée, et comme les éponges ; les trous [de la dure-mère et de l’os ethmoïde] ne se correspondent pas en ligne droite, et ne sont pas entièrement droits ; il en est de droits, mais la plupart sont obliques et tor-

  1. « Aux narines il n’y a pas de pertuis, mais il y a quelque chose de mou comme une éponge. » Des lieux dans l’homme, § 2, t. VI, p. 278. — Le cerveau… s’étend dans les cavités des narines. De ce côté, aucun os ne lui oppose une barrière, et il n’est borné que par un cartilage mou comme une éponge et qui n’est ni chair ni os. » Des chairs, § 16, t. VIII, p. 605.