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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, vi.

sa substance ; l’air seul, privé des corpuscules odorants, la traverse. Un tel fait montre évidemment que la vapeur est d’une plus forte dimension que la capacité des conduits de la membrane qui sert à opérer l’occlusion, et que la membrane du sens de l’odorat doit avoir des trous plus larges que ces conduits. C’est ce qu’on voit distinctement si l’on prend la membrane d’un animal mort, qu’on la tende dans tous les sens et qu’on la regarde au grand jour. En effet, tant qu’elle est comme dans l’état naturel, rugueuse et lâche, comme les replis retombent les uns sur les autres autour des méats, les ouvertures deviennent invisibles, mais quand ces replis sont effacés par la tension, on les découvre aisément, à moins qu’un froid excessif ou que le temps écoulé ne les ait déjà raccornis et desséchés. Si l’animal est mort récemment, le mieux est de faire cette expérience en arrosant la membrane d’eau chaude.

Une grande preuve de la porosité de la membrane olfactive, c’est l’évacuation fréquente et subite des superfluités qui coulent d’en haut : les anciens les nommaient morve et pituite (βλέννα καὶ κόρυζα), et les modernes mucus. En effet, c’est même un des artifices les plus ordinaires de la nature, de n’omettre jamais aucune des utilités ou fonctions possibles d’un organe, quand elle peut commodément en accomplir plusieurs avec un seul. Ainsi, encore dans cette circonstance, comme les ventricules de l’encéphale sont placés au-dessus de l’organe de l’odorat, et nécessairement reçoivent les superfluités qui coulent des parties environnantes, l’animal serait continuellement exposé à des apoplexies, si la nature n’avait en cet endroit ouvert un chemin propre à l’écoulement. Or il n’était pas possible d’en imaginer un meilleur que ce conduit à la fois large et incliné (méat super. ?). Ainsi les superfluités sont

    que l’air. Cela devient évident lorsque quelqu’un s’obstrue le passage de la respiration et qu’un autre homme aspire avec force le souffle qui s’échappe, car alors aucune odeur ne se glisse avec l’air qui sort, et le souffle vient seul, dégagé de toute odeur. On a donc distingué seulement deux genres d’odeurs, dont les variétés sont restées sans nom et qui ne se composent point de plusieurs espèces distinctes et simples ; mais on a donné des noms, ceux d’agréable, de désagréable, à ces deux genres seuls qui sont très-apparents, et dont l’un irrite et tourmente toute la cavité qui est en nous depuis le sommet de la tête jusqu’au nombril, et l’autre adoucit ces mêmes parties et les rétablit d’une manière agréable dans leur état naturel. »