Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/578

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
544
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, vi.

ment vînt frapper les oreilles, surtout si le mouvement était faible, comme il arrive dans les voix débiles. Cependant on ne pouvait laisser les nerfs complétement découverts, exposés à tous les chocs des corps étrangers. Il ne fallait pas non plus, c’eût été un troisième et dernier moyen, leur donner une membrane assez rare et assez mince pour livrer à l’air entrée et passage. En effet, par ce moyen, non-seulement les nerfs auraient été lésés de beaucoup de façons, mais encore l’encéphale même aurait été refroidi.

La nature donc, sachant qu’une forte membrane garantirait, il est vrai, l’appareil contre les lésions, mais entraînerait la surdité pour le sens ; que sans membrane il serait entièrement exposé aux lésions ; qu’enfin si, à la troisième disposition, on ajoutait un emplacement fixe en vue de sa sûreté, on procurerait une protection suffisante, la nature, dis-je, a placé là un os épais et dur, et l’a percé de spirales contournées à l’instar d’un labyrinthe : par cette précaution, l’air froid, avec toute la violence que lui aurait donnée un chemin direct, vient s’émousser peu à peu, par la réfraction répétée, dans ces détours sinueux, et il n’y a ainsi qu’un danger éloigné de voir les corpuscules pénétrer jusqu’au nerf. En effet, les corps plus volumineux que le conduit, loin de le blesser, ne pourront même pas le toucher ; quant aux corps plus petits, les uns, apportés avec rapidité, avec violence et en ligne droite, viendront probablement d’abord se heurter aux spirales, et les autres qui pénètrent doucement et sans violence en s’enroulant, pour ainsi dire, dans ces spirales, devront toucher la membrane mollement et sans violence.

Non-seulement, par ces moyens, la nature a procuré aux nerfs auditifs la garantie la plus grande possible contre les lésions, mais elle n’a pas négligé de leur attribuer une structure propre, en les rendant aussi durs que possible. En effet, s’ils pussent été complétement durs, ils eussent été moins susceptibles, il est vrai, mais leur sensibilité eût été presque perdue ; au contraire, s’ils eussent été mous, comme ceux des yeux, ils auraient été très-sensibles, mais en même temps très-exposés aux lésions. Or la nature n’évite rien tant que cette disposition à être lésé, sachant qu’avec elle périt la fonction. Souvent déjà nous avons parlé de ce point. C’est pourquoi le nerf acoustique a été créé un peu plus dur qu’il ne convient à la fonction.