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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

un prolongement net et distinct, lequel durant tout son trajet jusqu’à l’œil, attendu qu’il doit traverser le crâne, est plus dense et plus dur, par suite du refoulement de la substance nerveuse, afin qu’il soit plus à l’abri des lésions. Dès que ce prolongement pénètre dans les cavités placées sous les sourcils, et que l’on nomme orbites de l’œil, il acquiert une extension considérable en s’aplatissant et s’amincissant ; il reprend ainsi sa nature primitive, en sorte que l’encéphale reparaît exactement en lui avec sa couleur, sa consistance, et les autres particularités que nous ferons bientôt connaître plus en détail, quand nous exposerons spécialement les utilités des parties des yeux (X, i, ii, vii ; cf. aussi Dissect. des nerfs, chap. ii ; Dogmes d’Hippocrate et de Platon, VII, ii). Présentement, nous n’avons rappelé la structure des yeux qu’autant qu’il était nécessaire pour nos explications sur les parties du cerveau. En effet, si l’encéphale n’était le point de départ et de retour de la modification survenue dans chaque sens, l’animal demeurerait encore privé de sensation. Voyez les gens frappés d’apoplexie, bien que tous leurs organes des sens soient intacts, ces organes ne leur sont plus d’aucun usage pour l’appréciation des choses sensibles. Dans les yeux, composés de membranes closes de tout côté, l’impression produite par les couleurs atteint rapidement la portion d’encéphale (rétine) qu’elles renferment. En effet, la cornée est mince, blanche, nette, pour ne pas intercepter l’impression qui la traverse. Après elle vient immédiatement l’humeur cristalline. La portion d’encéphale qui arrive aux yeux se soude à la pupille. (Voy. Dissert. sur l’anat.) On comprend maintenant pourquoi, de l’encéphale, il arrive à l’œil une substance pure ; pourquoi elle se condense en traversant le crâne ; pourquoi, en arrivant dans les orbites de l’œil, elle se ramollit en s’aplatissant ; pourquoi, seule entre toutes, elle renferme un conduit visible.

Quant aux oreilles, il fallait aussi nécessairement qu’il y parvînt un prolongement de l’encéphale pour recevoir l’impression qui arrive du dehors. Or cette impression est un bruit, un son produit par l’air frappé ou frappant peu importe, pourvu que l’on convienne que le mouvement engendré par le coup doit, avançant comme l’onde, remonter à l’encéphale. Il n’était plus possible ici, comme pour les yeux, de disposer une membrane sur les nerfs ; il en serait résulté un obstacle considérable à ce que l’air mis en mouve-