Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
542
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, vi.

Chacun d’eux doit absolument éprouver une modification pour que la sensation ait lieu. Mais tout sens n’est pas modifié par tout objet sensible[1]. Le brillant et le lumineux est affecté par les couleurs, l’aérien par les sons, le vaporeux par les odeurs ; en un mot, le semblable est reconnu par son semblable. Ainsi le sens en relation avec l’air ne peut être modifié par les couleurs. En effet, il faut qu’un corps soit brillant, clair et lumineux, s’il doit éprouver des couleurs, aisément et distinctement, une modification, comme cela est démontré dans les traités Sur la vision. Le trouble et le vaporeux ne peut pas non plus remplir cette fonction, ni l’humide et l’aqueux, ni le dur et le terreux ; de sorte qu’aucun sensorium, si ce n’est celui de la vue, ne sera modifié par les couleurs : car ce sens seul a un sensorium pur et brillant, l’humeur cristalline (humeur vitrée ? — voy. Dissert sur l’anat.), comme cela est également démontré dans les traités Sur la vision.

Mais maintenant cette modification resterait sans effet, si elle n’était connue du principe dirigeant, siège de l’imagination, de la mémoire et de l’entendement. C’est pourquoi l’encéphale prolonge une partie de lui-même jusqu’à l’humeur cristalline, pour connaître les impressions qu’elle reçoit. Seul aussi ce prolongement renferme avec raison un conduit sensitif, parce que seul il renferme une grande abondance de pneuma psychique.

Nous avons parlé de la substance de ce pneuma, de sa faculté et de sa génération, dans notre traité Sur les dogmes d’Hippocrate et de Platon (VII, iii, suiv.)[2]. Mais, comme nous l’avons déjà déclaré mille fois, nous ne faisons ici sur les fonctions aucune démonstration ; seulement, comme il est impossible de découvrir l’utilité de chacune des parties, si l’on ignore encore la fonction, c’est un point que nous avons démontré dès le principe (voy. I, viii et xvi), il devient nécessaire de rappeler les fonctions.

Ainsi donc, et pour revenir à notre sujet, le sens de la vue devant être lumineux et brillant, un pneuma abondant lui est avec raison transmis du principe, et il lui arrive de l’encéphale même

  1. Voy. pour cette proposition la Dissertation sur la physiologie de Galien.
  2. Voy. la Dissertation précitée pour cette question et pour tout ce qui regarde les théories anciennes sur la vision. Je renvoie à la même dissertation pour tout ce qui concerne l’organe de l’ouïe et l’acoustique.