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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

parties dures et superficielles. Tous les nerfs ont donc une consistance plus ferme que l’encéphale (cf. XVI, iv ; Mouvem. des muscles, I, i ; Manuel des dissect., I, xi ; cf. aussi VII, viii), non qu’ils soient formés d’une substance très-différente ; mais, bien qu’ils soient de la même nature, ils s’en distinguent par la siccité et la densité.

Les nerfs sensoriaux qui vont aux yeux sont beaucoup plus denses que l’encéphale, mais ne paraissent pas être beaucoup plus durs. Ces nerfs entre tous vous paraîtront formés de la substance de l’encéphale condensée, mais non séchée. Seuls encore ces nerfs vous sembleront renfermer en eux des conduits visibles. C’est pourquoi beaucoup d’anatomistes les appellent conduits (voy. X, xi)[1], disant qu’à la racine des yeux il vient s’insérer de l’encéphale deux conduits, un à chaque œil, et que ceux-ci venant à s’étendre et à s’aplatir, forment la tunique réticulée (rétine). Ils ajoutent encore que des nerfs se rendent aux muscles des yeux.

Quatre organes des sens se trouvant dans la tête : yeux, oreilles, nez, et langue ; tous tenant de l’encéphale le principe de la sensation et paraissant être semblables sous ce rapport, il existe chez eux une différence spécifique eu égard aux facultés sensitives elles-mêmes et aux corps (c’est-à-dire à la nature des nerfs) par lesquels ces facultés arrivent à l’organe. En effet, parmi les facultés, l’une juge les odeurs, l’autre les saveurs, celle-ci les sons, celle-là les couleurs. Quant aux routes suivies, l’une venant de chacun des ventricules de l’encéphale aboutir au nez, est une apophyse allongée qui ne diffère en rien des autres ventricules (nerf olfactif) ; celle qui conduit aux yeux (nerf optique) est un peu différente et n’est pas complétement un nerf ; celle qui mène à la langue (lingual) est complétement un nerf, mais un nerf mou ; celle qui vient aux oreilles (nerf acoustique) constitue un nerf qui n’est pas aussi mou, mais qui n’est cependant pas dur. La cinquième voie (facial ?), suivie par la faculté issue de l’encéphale, est un nerf précisément fort et dur ; aussi est-il propre au mouvement et au tact qui est le plus grossier des sens. Ce nerf est incapable de la délicatesse d’appréciation qui existe dans les autres sens.

  1. Dans son traité De libris propriis, chap. iii, Galien attribue cette dénomination à Hérophile et à Eudème. Plus bas (IX, xi), et dans le traité De symptom. causis, I, ii, il l’attribue à Hérophile seul.