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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

puis le commencement. Il est clair, en effet, que l’encéphale a été établi dans la tête en vue des yeux, et que chacun des autres sens y a été placé à cause de l’encéphale.

On comprend encore parfaitement que la place de la bouche était nécessairement dans la tête, puisqu’elle devait renfermer la langue. Il était mieux, en effet, que la langue ne fût pas nue et complétement découverte ; or elle ne pouvait être mieux abritée que par la bouche (voy. XI, iv et xii). Placée en cet endroit, elle devait plus efficacement apprécier les saveurs, servir d’organe du langage, et coopérer puissamment à la mastication et à la déglutition.


Chapitre vi. — Comme il devait y avoir des nerfs mous et des nerfs durs présidant, les uns aux sensations, les autres au mouvement volontaire, les différentes parties de l’encéphale sont plus ou moins molles suivant qu’elles donnent naissance à l’une ou à l’autre espèce de ces nerfs. — Disposition particulière des nerfs optiques qui, seuls sont percés d’un conduit. — Pour que la sensation ait lieu, chaque sens doit éprouver une modification, une altération, ressentie par le cerveau. — Un objet sensible répond en conséquence à chacun des sens ; l’organe lui-même et le nerf sont une substance en rapport avec cet objet, de sorte que l’un des sens ne peut pas être modifié par ce qui modifie, impressionne un autre sens. — Galien établit pour les yeux, les oreilles, le nez et la langue, que leur structure est parfaitement en rapport avec la fonction qu’ils ont à remplir, et qu’en même temps tout est prévu pour leur sûreté. — Selon son habitude, la nature a fait servir un organe né dans un but spécial, celui de l’odorat à d’autres utilités. Ainsi l’organe de l’odorat sert aussi à la respiration de l’encéphale et à l’évacuation des superfluités qui sont engendrées dans ce viscère.


Nous avons terminé ce que nous avions à dire sur la tête considérée en général. Il convient maintenant d’examiner l’utilité de chacune de ses parties, en commençant par l’encéphale lui-même. Pour la substance, il ressemble beaucoup aux nerfs dont il devait être le principe, à cette seule différence près, qu’il est plus mou qu’eux, condition convenable dans un organe auquel aboutissent toutes les sensations, où naissent toutes les fantaisies de l’imagination et toutes les pensées de l’intelligence. En effet, la mobilité est une condition favorable à de pareilles fonctions et impressions ; et toujours il y a plus de mobilité dans le mou que dans le dur. C’est pourquoi l’encéphale est plus mou que les nerfs. Mais ces nerfs devant avoir une double nature, ainsi que nous le disions tout à l’heure (chap. v), l’encéphale lui-même a été créé double,