espèces, et non pas seulement des nerfs mous, comme dans les oreilles et le nez. Il résulte de là que si l’un des deux nerfs vient à être lésé, cette lésion ne met en péril que l’utilité dépendante des lésions de ce nerf. C’est ainsi que maintes fois on a vu la langue privée, soit de mouvement, soit de la faculté d’apprécier et de saisir les saveurs.
En outre, les nerfs mous et les nerfs durs ne dérivent pas des mêmes parties de l’encéphale, et ne suivent pas le même chemin pour arriver aux sens. En effet, partant, les uns des parties molles, les autres des parties dures, ils se dirigent vers les sens, ceux-là en ligne droite, ceux-ci par un détour. Ainsi, parmi les nerfs qui aboutissent à la langue, les uns, issus des parties inférieures et antérieures, les autres des parties postérieures et latérales de l’encéphale, viennent s’insérer sur la langue, les premiers directement (lingual), les seconds, ceux qui sont durs (grands hypoglosses), après un circuit préalable autour du cou. De plus, ceux-là, c’est-à-dire les nerfs mous, s’épanouissent à la face externe de la langue, tandis que ceux-ci, les nerfs durs, se distribuent dans les muscles. En effet, d’un côté, la langue, par sa face externe, est en rapport avec les saveurs, et de l’autre elle est mue par des muscles. La raison voulait donc que les nerfs destinés à percevoir vinssent s’insérer sur les parties plus propres à cette perception, tandis que les autres nerfs, les nerfs durs, s’inséreraient sur les muscles organes de mouvement.
Il en est de même des nerfs des yeux, dont les uns, nerfs durs (oculo-moteurs communs), s’insèrent sur les muscles, et les autres (n. optiques) sur l’organe principal et essentiel de la vision, l’humeur cristalline (voy. X, i). Mais, de ces nerfs mous qui vont aux yeux, qui vont à la langue, qui vont aux oreilles et au nez, on n’en peut voir un seul qui, après avoir une fois passé le crâne, s’étend au delà de ces organes, comme fait chacun des nerfs durs. En effet, ils seraient promptement rompus ou aisément brisés, non-seulement par la rencontre des objets extérieurs, mais encore, et bien auparavant, par les parties mêmes du corps avec lesquelles, d’une manière quelconque, ils se trouveraient en contact. C’est pourquoi chacun des sens doit être proche de l’encéphale même.
S’il en est ainsi, nous avons trouvé ce que nous cherchons de-