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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, v.

si la sensation et le mouvement existent chez des animaux qui n’ont pas de tête mais un encéphale ou l’analogue de l’encéphale, il est évident que la tête n’est pas créée en vue de l’encéphale. Pourrons-nous dire encore que les crabes possèdent l’analogue du scindapsus. Nous ne le pouvons pas évidemment. En effet, il convient d’appeler du même nom tous les organes qui ont la même fonction. Tous les organes de la vision bien que différents et variés de forme suivant les parties qu’ils occupent sont à juste titre appelés yeux ; pour la même raison, l’on nomme oreilles tous les organes de l’ouïe, et nez tous ceux de l’olfaction. De même, la partie qui gouverne la sensation et le mouvement, est une et identique chez tous les animaux, bien qu’on la trouve en des régions différentes. Mais, si chez les animaux dont il s’agit, elle-est placée sur la poitrine, évidemment la tête n’a pas été créée en vue de cette partie, elle ne l’a pas été non plus en vue de la bouche. Car la bouche chez les mêmes animaux est encore placée sur la poitrine. Elle ne l’est pas encore en vue des oreilles, celles-ci occupant aussi la même situation. De même enfin chez les animaux qui n’ont pas de tête, le nez et chacun des autres organes sont placés sur la poitrine.


Chapitre v. — La tête a été surtout créée en vue des yeux qui doivent toujours exister sur une partie proéminente. Quant aux autres sens ils ont été placés dans la tête à cause de l’encéphale. — Nécessité de deux espèces de nerfs : mous, pour les sensations, durs, pour les mouvements. Différence d’origine et de distribution de ces deux espèces.


Mais dans quel but la nature a-t-elle attribué une tête à la plupart des animaux ? Nous ne le découvrirons, ce me semble, qu’en poursuivant le mode d’investigation [dont nous venons de poser les bases]. Car si nous trouvons quelle est, entre les parties établies dans la tête, celle qui manque sur la poitrine des acéphales, nous n’aurons pas tort de dire que la tête existe en vue de cette partie. Tel est notre système de recherches. On pourrait aussi découvrir ce dont nous nous enquérons de la manière suivante : chez les crabes, les phalènes, les langoustes, et tous les acéphales, les yeux se trouvent sur un col allongé ; ces yeux, en effet, ne pouvaient être dans une partie basse, comme la bouche, le nez et les oreilles : car leur fonction exige une situation élevée. Pour cette raison, ceux qui