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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

« Celui qui est beau, ne l’est qu’autant qu’on le regarde. Celui qui est bon, sera toujours beau. »

Sappho, fragm. 102, éd. Bergk.

On doit aussi en croire Solon qui exprime le même sentiment.

Pour recevoir la vieillesse qui nous dresse des embûches comme une funeste tempête, il ne faut pas seulement préparer une chaussure et des vêtements, mais une maison commode et mille autres objets, imitant en cela le nautonier expérimenté qui se précautionne de loin contre l’orage[1].

Car ce mot est désolant :

« L’insensé connaît le mal quand il est arrivé. »

Enfin, dites à quoi peut servir chez un jeune homme la beauté qui n’est accompagnée d’aucun talent. Est-ce pour la guerre ?[2] Mais on lui opposera avec raison ces paroles :

« Livrez-vous aux délicieuses occupations du mariage. »

Iliade, V, 249.

« Demeurez dans votre maison, pour vous y livrer aux travaux qui vous conviennent. »

Iliade, VI, 490.

« Nirée le plus beau des Grecs qui vinrent sous les murs d’Ilion… ; mais il n’était pas brave. »

Iliade, II, 180-2.

Homère ne parle qu’une seule fois de ce Nirée, dans le dénombrement des vaisseaux, pour montrer, ce me semble, l’inutilité des hommes qui sont doués d’une très-grande beauté, lors-

    ordinaire : « La rose est belle, mais le temps la flétrit ; la violette est belle au printemps, mais elle vieillit vite ; le lis est blanc, mais il se flétrit quand il tombe ; la beauté des jeunes gens est belle, mais elle dure peu. »

  1. « Une vertu parfaite et une conduite parfaite sont nécessaires, dit Aristote (Ethic. Nichom., 1, x (ix), § 10 et 11), car il arrive dans la vie beaucoup de changements et d’infortunes, et il est possible que l’homme, heureux dans sa jeunesse, éprouve de grandes adversités dans sa vieillesse, comme on le raconte de Priam dans les vers héroïques. »
  2. « A quoi te serviront, dit Hector à Paris, et la lyre, et les dons de Vénus, et ta chevelure, et ta belle apparence, quand tu rouleras dans la poussière des combats ? » Iliade, III, 54. — Voy. aussi Ovid., Héroid., XVII, 251 :

    Quod bene te jactas et fortia facta recenses,
    A verbis facies dissidet ista tuis.
    Apta magis Veueri, quam sunt tua corpora Marti.
    Bella gerant fortes ; tu, Pari, semper ama.