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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

lui, puisque toute chaleur tend à s’élever ? Et pourquoi l’encéphale n’envoie-t-il au cœur qu’un nerf imperceptible, tandis que tous les organes des sens tirent de l’encéphale une grande partie de sa substance ?

Comment encore expliquer que l’encéphale, étant destiné à rafraîchir le cœur, est pour les organes des sens d’une utilité toute différente. En effet, un organe créé pour rafraîchir le cœur doit nécessairement, je pense, comme ayant en lui une source de fraîcheur, la communiquer à tous les corps voisins. Aussi l’encéphale seul parmi tous les organes, serait donc une merveille, s’il pouvait, à travers de nombreux corps interposés, rafraîchir des parties très-éloignées et plus chaudes que lui ; et s’il était incapable d’exercer la même action sur des corps très-proches, moins chauds et auxquels il touche.

Mais, dit Aristote[1], tous les organes des sens n’aboutissent pas à l’encéphale. Quel est ce langage ? Je rougis même aujourd’hui de citer cette parole. N’entre-t-il pas dans l’une et l’autre oreille un nerf considérable avec les membranes mêmes ? Ne descend-il pas à chaque côté du nez une partie de l’encéphale (nerfs olfactifs[2],

  1. « Le cerveau, dit Aristote (Part. anim., II, viii, init.), n’a aucune connexion avec les parties sensitives, cela est prouvé avec évidence par la vue ; cela ressort surtout de ce qu’il n’éprouve aucune sensation quand il est touché, pas plus que le sang, pas plus qu’un des autres excréments des animaux. » — Dans le chapitre x du même livre, il est cependant forcé de reconnaître que la vue et l’ouïe ont leur siège dans la tête : quant au tact et au goût, ils ont leur principe dans le cœur. L’olfaction est entre les deux autres séries de sens. Après avoir indiqué les passages précédents, Hoffmann (l. l., p. 164) ajoute avec grande raison : « Hæc loca Argentarius valde urget De somno, II, ii. Ego dixi ex Averroë Paraphr. in Part. II, vii, imperitiam anatomiæ non debere obstare Aristoteli, quo minus recipiantur ea quæ alias recipienda videbantur. Quid enim ? Et Galenus quædam (il fallait dire multa) ignoravit : ideone rejiciemus ea quæ bene ab illo docta sunt ? Profecto, æquum est, ut quæ recte a priscis tradita sunt, cum gratiarum actione accipiamus : in quibus autem hallucinati sunt, cum pudore et reverentia (in quam sententiam fere loquitur Gal. heic) transiliamus, non autem curiose et cum voluptate quædam refricemus ulcuscula ipsorum. »
  2. Galien considère les nerfs olfactifs, non comme une véritable paire de nerfs, mais comme des prolongements de l’encéphale : ce sont les nerfs optiques qui constituent pour lui la première paire. Cf mon Exposition des connaissances de Galien sur l’anat., la physiol. et la pathol. du système nerveux, Paris, 1841, in-4, p. 44 ; et sur les motifs de cette manière de voir, recourez à la Dissertation sur