Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/562

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
528
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, ii-iii.

l’encéphale, comme étant plus froid. Mais c’est là l’opinion de gens qui vont en parole au delà de la vérité ou qui méconnaissent les faits. Car, en toute circonstance, on trouve l’encéphale beaucoup plus chaud que l’air, soit qu’on pose la main sur une fracture du crâne, soit que par forme d’expérience, on prenne un animal quelconque et que, lui enlevant une partie du crâne et incisant les méninges on touche l’encéphale. De plus, personne n’ignore que [dans le cas de fracture] nous nous efforçons toujours avec un soin extrême de détacher les os de la tête, afin que l’encéphale ne se refroidisse pas, et s’il vient à se refroidir, c’est l’accident le plus dangereux pour le blessé. Et cependant, si l’air était plus chaud que l’encéphale, il ne le refroidirait pas. Mais dans l’état actuel, en été même, il se refroidit aisément et a besoin alors d’être promptement réchauffé, non-seulement parce que lui-même n’est pas un corps froid, mais encore parce qu’il redoute le contact d’une substance froide.

On dira peut-être : le mal dérive non de l’encéphale, mais des membranes qui se refroidissent, surtout de la membrane mince (pie-mère) qui renferme les veines et les artères les plus nombreuses et qui bat perpétuellement dans toute son étendue, ce qui n’a pas lieu sans qu’il se produise une chaleur bouillante. Et vous hommes simples, avec l’idée que la membrane mince est chaude, vous osez encore déclarer que l’encéphale est froid, quand celle-ci pénètre de tous côtés son tissu à tel point qu’on ne trouve aucune partie de l’encéphale qui en soit dépourvue ! Ou bien ignorez-vous ce fait, et pensez-vous que l’encéphale est seulement enveloppé par elle, mais non pas traversé et enlacé dans tous les sens ? D’ailleurs quand même elle se bornerait à l’envelopper, l’encéphale ne pourrait refroidir le cœur dont il est si éloigné, dont il est séparé par une double barrière d’os ; et ne devait-il pas d’ailleurs être échauffé par la membrane avec laquelle il est en contact perpétuel, à moins qu’une partie froide ne puisse refroidir des régions même éloignées, et qu’une partie chaude ne puisse échauffer même les régions voisines ? Car, telles sont nécessairement les raisons frivoles de ceux qui s’inquiètent moins de la vérité que de défendre leurs propres opinions, et qui, non-seulement, ne se fient pas aux sens et aux déductions logiques, mais se jettent hardiment dans les contradictions.