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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.



Chapitre viii — Sentiment des poëtes et des législateurs sur les avantages purement corporels. — Trait de Diogène qui confirme ce sentiment.


Le législateur d’Athènes, Solon, est peut-être digne d’éloges pour avoir affranchi le fils, auquel son père n’aurait appris aucun art, du soin de le nourrir dans sa vieillesse[1]. Comme[2] les arts s’exercent surtout à l’époque où le corps est dans son éclat, il arrive à beaucoup de jeunes gens doués d’une beauté remarquable, de négliger la culture de leur âme, et d’être obligés plus tard, mais quand cela ne leur sert plus à rien, de répéter avec le poëte :

« Puisse la beauté qui m’a perdu périr misérablement[3] ! »

Ils se rappellent alors la pensée de Solon qui recommandait de considérer surtout la fin dans la vie[4] ; ils jettent à la vieillesse une malédiction qu’ils méritent, et ils reconnaissent la vérité de ces vers d’Euripide :

« Il n’est pas sur de posséder une beauté qui dépasse la beauté ordinaire. »

Fragm. incert., 985, 156, ed. Dind., Oxon., 1851.

Il faut, comparant la beauté des jeunes gens aux fleurs du printemps, savoir que ses charmes ont peu de durée[5], et reconnaître la justesse de ces vers de la Lesbienne :

  1. Voy. Plutarque, Vit. Solon, xxii, p. 197 (t. I, p. 360, éd. R.), il paraît aussi qu’à Sparte Lycurgue avait privé des droits de citoyens les pères qui négligeaient l’éducation de leurs enfants.
  2. Tout ce membre de phrase, où il est fait une allusion détournée à un vice infâme, se lie assez mal avec le commencement du chapitre auquel Willet a voulu le rattacher ; ce n’est point, en effet, quand la faute vient des enfants, mais quand elle vient des parents, que la loi de Solon, très-contestable du reste dans son principe, doit recevoir son application. On doit admettre que le texte a subi ici quelque altération ou mutilation, et séparer le membre de phrase en litige de ce qui le précède pour le réunir par le raisonnement à celui qui commence par ces mots : Ils se rappellent alors
  3. Wyttenbach et Willet regardent ces vers comme appartenant à une tragédie indéterminée d’Euripide, mais je ne les vois point figurer dans la dernière collection des fragments de ce poëte, donnée à Oxford en 1851 par G. Dindorf ; il n’est pas du tout certain qu’ils doivent lui être rapportés.
  4. C’est tout ce que nous savons de ce précepte de Solon. Bergk, dans son édition des poëtes lyriques, a négligé de relever ce passage. Des omissions analogues se remarquent pour Pindare et pour d’autres poëtes.
  5. Théocrite, dans ses Idylles (XXIII, 28), a exprimé cette idée avec sa grâce