Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/559

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
527
DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

est formé le cou. Pour les poissons, comme ils n’ont pas de trachée-artère, ils manquent également des parties susnommées. Aussi doit-on dire, ou que le cou leur fait complétement défaut, ou qu’il est excessivement court, composé seulement des deux premières vertèbres. Si donc il est très-court chez eux ou absolument nul, il est long chez les animaux où il fait office de main, et de grandeur moyenne chez ceux où, créé pour la voix, il est en outre destiné à permettre la production des nerfs destinés aux membres antérieurs : parmi ces animaux est l’homme, dont notre but actuel est de décrire la structure. Nous avons suffisamment développé l’utilité du cou.


Chapitre ii. — Galien combat ceux qui pensent que la tête a été créée en vue du cerveau, et que le cerveau a été créé en vue de la réfrigération du cœur ; il les poursuit tantôt par l’ironie, tantôt par un raisonnement sérieux. — Il leur oppose surtout les mouvements de l’encéphale, l’existence des deux méninges, l’épaisseur des os qui constituent la base du crâne, la distance qui existe entre le cerveau et le cœur chez les animaux vertébrés ; d’ailleurs, ajoute-t-il, la respiration est bien suffisante pour rafraîchir le cœur.


La tête a paru à beaucoup de personnes avoir été créée en vue de l’encéphale, et renfermer conséquemment tous les sens comme les serviteurs et les satellites d’un grand roi[1]. Mais les crabes et les autres crustacés n’ont pas de tête. La partie qui dirige les sens et les mouvements volontaires est certainement placée dans le thorax, à l’endroit où chez eux se trouvent tous les organes des sens. Ainsi ce qui en nous est l’encéphale, serait dans ces animaux cette

  1. Toute cette réfutation sur le rapport de la tête avec l’encéphale et sur le rôle que joue le cerveau dans l’acte de la réfrigération du cœur, est dirigée contre Aristote que Galien semble d’abord ne pas oser nommer. Aristote dit formellement (Part. Anim., IV, x, init.) que la tête a été faite principalement en vue du cerveau (ἡ μὲν κεφαλὴ μάλιστα τοῦ ἐγκεφάλου χάριν). Hoffmann (l. l., p. 169, suiv.) a longuement discuté sur la question de savoir si Aristote a pensé que le cerveau était chargé de refroidir le cœur. Comme cette question se rattache à un ensemble de doctrines sur les usages du cœur, j’en réserve l’examen pour la Dissertation sur la physiologie. Là je rassemblerai et je discuterai tous les passages d’Aristote relatifs à ce sujet. — Galien a fait l’abus le plus étrange qui se puisse imaginer du raisonnement et des théories a priori, quand il soutient que la tête n’a pas été créée en vue du cerveau. La tête n’existe pas chez tous les animaux : chez un certain nombre le centre nerveux est logé dans le thorax ou dans l’abdomen ; mais