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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VIII, iii.

animaux ; et c’est pour lui que le cou a été créé. En effet, le poumon étant renfermé dans le thorax, et la trachée-artère partant du poumon et se terminant nécessairement à la bouche, toutes les parties situées entre l’extrémité du thorax et la naissance de la bouche ont été créées en vue de cette trachée ; car le thorax et la bouche étant séparés et éloignés l’un de l’autre, tout l’espace intermédiaire a servi de passage aux corps qui remontent et à ceux qui descendent. Or, ceux qui descendent sont les nerfs,l’œsophage, les muscles, la moelle épinière ; ceux qui remontent sont les veines, les artères, le larynx même.

La moelle épinière a pour la protéger les vertèbres qui l’environnent ; des glandes remplissent les interstices entre les vaisseaux ; de plus, des membranes et des ligaments défendent, et en même temps rattachent les parties susnommées ; la peau les recouvre toutes comme une enveloppe commune. Tel est le cou, créé comme nous le démontrions à l’instant pour le larynx, organe de la voix et aussi de la respiration.

Mais la nature, habile à employer à un usage différent (c’est-à-dire à plusieurs usages, voy. p. 521) une partie créée pour un but donné, a gratifié beaucoup d’animaux d’un cou pour remplir chez eux l’usage de la main. C’est pourquoi ceux qui, avec leur bouche, recueillent sur la terre leurs aliments, ont un cou aussi allongé que les jambes[1] (voy. XI, ii, fine, et viii, fine. — Cf. aussi III, ii, init.). Mais l’homme et les animaux analogues ont un cou en vue du pharynx (larynx), et ce pharynx, ils l’ont en vue de la voix et de la respiration, en sorte que sa grandeur est celle qui était nécessaire au pharynx pour accomplir les fonctions indiquées.

Il fallait encore que la région de l’épaule, celle du bras, et de plus l’avant-bras et la main reçussent des nerfs des vertèbres cervicales. Nous démontrerons plus loin (XIII, ix) que tel est aussi le cas du diaphragme. Pour créer ces nerfs, il a donc fallu établir dans l’intervalle, entre la tête et le thorax, d’autres vertèbres dont

  1. Tout ceci est encore tiré d’Aristote (Part. Anim., IV, xii, init.). Cet auteur nous apprend que, chez les animaux autres que l’homme, la longueur du cou est toujours en raison de celle des jambes. Cette disposition dépend de ce que les animaux n’ont pas de mains pour prendre leur nourriture, et qu’ordinairement ils la saisissent immédiatement avec la bouche.