Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/554

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
522
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, xxii.

fournit la partie supérieure du thorax, cet aliment devait être fort abondant chez la femelle ; par conséquent encore les mamelles occupent la meilleure position dans l’homme. Néanmoins dans la plupart des animaux, la nature craignant le manque de nourriture, les a reportées nécessairement à l’hypogastre. Elle voyait encore que, chez ces animaux, le cœur a moins besoin du secours qu’elles procurent. En effet, ils ne se tiennent pas, comme l’homme, debout sur deux pieds, tous marchant la tête baissée comme les reptiles. Nous avons démontré cette particularité dans nos explications sur les jambes (cf. III, ii ; voy. aussi XII, x). Il résulte de là que chez eux toutes les parties du rachis sont exposées aux lésions du dehors, tandis que les parties opposées du sternum et du ventre en sont garanties.

Quand les mamelles existent sur le sternum, elles se trouvent aussi chez les mâles ; si elles sont placées sur le ventre seulement, on ne les voit plus dans le mâle, à moins que le petit ne ressemble à sa mère plutôt qu’à son père, comme Aristote (Hist. anim., II, i ; cf. VII, i ; voy. p. 519, note 1) l’a observé sur des chevaux.

Pourquoi les mamelles ne sont-elles pas aussi saillantes chez l’homme que chez la femme, c’est une question du ressort des problèmes physiques[1] (questions naturelles), et ce n’est pas le

  1. L’explication que Galien ne donne pas ici se trouve dans Aristote (Hist. des anim., I, xii). « La mamelle des femelles fournit du lait ; celle des mâles en fournit aussi un peu ; mais la chair des mâles est dense, tandis que celle des femelles est spongieuse (σομφή) et remplie de pores. » Donc pour Aristote si la sécrétion laiteuse est beaucoup moins forte chez le mâle que chez la femelle, cela tient à la nature de la chair, et il en résulte tout naturellement que le plus ou moins de volume de la mamelle dépend du plus ou moins d’abondance du lait, et que ces deux faits tiennent en dernière analyse à la même particularité de structure. — À propos du pénis (Utilité des parties, XV, ii), Galien dit que rechercher pourquoi il y a un pénis et non pas deux, pourquoi il est revêtu de peau et possède des vaisseaux, comment il se fait qu’il entre en érection même sans le concours de notre volonté, constitue un problème naturel, et ne rentre pas dans l’étude de l’utilité des parties. Ailleurs (Méth. méd., III, v), il dit que s’enquérir pourquoi la chair et la graisse se régénèrent, tandis que la peau ne repousse pas, c’est aussi du domaine des problèmes naturels. Cf. aussi Plutarque Symp., VIII, 3, 1, où on lit : Ἐπεὶ δι᾽ ἀνάγκης φύσει περαινόμενα τῶναἰτίων ἀνευρίσκειν, καὶ τοῦτο τοῦφυσικοῦ ἴδιόν ἐστι, ἡ πρὸς τὰς ὑλικὰς καὶ ὀργανικὰς ἀρχὰς πραγματεία. — On voit