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DES ORGANES DE LA VOIX.

fait traverser tout le thorax, puis quand elle a été proche des clavicules, elle en a détaché deux ramifications considérables (veines mammaires internes), et avec celles-ci deux ramifications artérielles (artères mammaires internes) ; elle a fait descendre ces quatre branches à travers toute la poitrine ; puis elle en a inséré deux à chaque mamelle, sans avoir eu d’autre but dans ce long trajet que d’élaborer davantage le sang dans les vaisseaux. En effet, après être remonté, ce sang passe devant le cœur et le rencontre de nouveau, en descendant, toujours remué par le mouvement du thorax, s’échauffant dans un tel circuit, attendu qu’il séjourne dans une partie perpétuellement agitée. Toutes ces circonstances contribuent à son élaboration parfaite. Comment alors la position des mamelles ne serait-elle pas la meilleure et la plus parfaite ?

Comment n’admirerait-on pas entre toutes les œuvres de la nature cette habileté avec laquelle, prenant chacun des organes créés dans l’animal pour une utilité, elle aime à s’en servir encore pour quelque autre but utile (cf. p. 492, note 2 et p. 526). Or, quoi de plus utile, de plus équitable que les mamelles rendant au cœur en échange des nombreux avantages qu’elles en tirent un léger service, le seul en effet qu’elles peuvent lui rendre. Elles ne peuvent que le protéger extérieurement ; car leur nature est glanduleuse, et analogue aux tissus foulés. Aussi sont-elles pour le cœur une sorte de protection et d’abri en même temps qu’elles réchauffent comme les vêtements de laine qui nous recouvrent : froids quand ils sont placés sur le corps, et, réchauffés par lui, bientôt ils lui renvoient de la chaleur ; de même la substance glanduleuse des mamelles, recouvrant le cœur, et par lui échauffée, le réchauffe à son tour.

Chez la femme, ces deux glandes, prenant un développement plus considérable, fournissent au cœur plus de chaleur et de protection que chez l’homme. Elles sont aussi utiles aux viscères situés dans l’hypochondre, viscères doués d’une chaleur moins grande dans la femme. En effet, nous avons démontré que toujours la femelle est plus froide que le mâle (cf. Dogmes d’Hipp. et de Platon, IX, iii, et Utilité des parties, XIV, vi).

Le troisième point énoncé, c’est que ni crinière, ni défenses, ni cornes, ni autre appendice semblable, n’absorbant l’aliment que