Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
519
DES ORGANES DE LA VOIX.

maux[1], enfin si le lait est un aliment parfaitement élaboré, il fallait de préférence les établir dans cette région, où peut se former en abondance plus aisément et aussi plus promptement un lait parfaitement élaboré. Or, quel lieu est mieux disposé pour profiter de la chaleur naturelle aux animaux, dont le cœur est la source, que celui destiné pour les mamelles chez l’homme ? Quelle autre partie

  1. Voici ce qu’Aristote (Part. anim. IV, x, p. 291, l. 37, éd. Bussemaker) dit de la position et des usages des mamelles. On verra par ce passage que, sur plusieurs faits assez importants, Aristote et Galien diffèrent d’opinion, et aussi qu’Aristote complète Galien : « Entre les bras chez l’homme, entre les jambes de devant chez les animaux, se trouve ce qu’on appelle la poitrine, laquelle est large chez l’homme, non sans raison (car les bras, étant situés de côté, n’empêchent pas que cette région soit large) ; mais chez les quadrupèdes, cette région est étroite parce que leurs membres doivent s’étendre en avant lorsqu’ils marchent et changent de place. Pour ce motif les quadrupèdes n’ont pas de mamelles en cet endroit-là ; au contraire dans l’espèce humaine la poitrine étant charnue à cause de sa dimension, et la région du cœur devant être recouverte, les mamelles qui sont aussi charnues y ont été établies : chez l’homme par la cause que nous venons d’exposer ; chez la femme pour que la nature puisse les employer subsidiairement à une autre fonction, comme d’ailleurs elle le fait souvent ; elle y dépose, en effet, la nourriture pour les nouveau-nés. — Les mamelles sont au nombre de deux, puisqu’il y a deux côtés, le gauche et le droit ; elles sont assez résistantes et assez distinctes ; distinctes attendu que les côtes se trouvent dans cet endroit ; résistantes afin de n’être pas trop exposées aux souffrances. Chez les autres animaux il était impossible ou difficile que les mamelles fussent sur la poitrine entre les jambes [de devant], car elles eussent été un obstacle pour la marche. Elles se trouvent donc placées de diverses manières : les animaux, solipèdes ou didactyles, qui mettent bas un petit nombre de petits à la fois, les ont aux aines au nombre de deux ; les animaux, ou qui mettent bas plusieurs petits, ou qui ont les pieds fendus, les portent les uns sur les côtés [de l’abdomen] et les ont très-multipliées, comme la truie et la chienne ; les autres n’en ont que deux, mais au milieu du ventre, comme la lionne. La cause en est pour la lionne non pas que sa progéniture est peu nombreuse, puisque quelquefois elle met bas plus de deux petits, mais qu’elle a peu de lait. En effet elle consume par elle-même la nourriture qu’elle prend, et elle en prend rarement en sa qualité de carnivore. La femelle de l’éléphant n’a que deux mamelles, et elle les a sous les aisselles ; la cause pour laquelle elle en a deux, c’est qu’elle ne met bas qu’un petit à la fois, et la cause pour laquelle ces mamelles ne sont pas situées aux aines, c’est que l’éléphant a les pieds fendus ; car aucun animal aux pieds fendus n’a de mamelles aux aines ; enfin elle les a aux aisselles parce que c’est là que se trouvent les premières mamelles et celles qui attirent le plus le lait chez les animaux qui en ont plusieurs. La preuve en est ce qui arrive chez les truies, car ces animaux donnent à leur premier-né les premières