Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

d’Aristote ; et celle de Soli, si ce n’est d’Aratus et de Chrysippe[1] ? Pourquoi le nom d’Athènes s’étend-il si loin ? Ce n’est certes point à cause de la fertilité de son territoire, car le sol y est maigre ; mais cela tient au grand nombre d’hommes supérieurs que cette ville a vus naître, et qui ont partagé avec elle l’éclat de leur renommée. Vous apprécierez toute la justesse de cette réflexion, si vous vous rappelez que la qualité d’Athéniens n’a servi à Hyperbole et à Cléon[2] qu’à rendre leur perversité plus évidente.

« Autrefois on appelait les Béotiens pourceaux[3], »

Dithyr. fragm., 52, ed. Bergk.

dit Pindare ; — et ailleurs :

« [Énée, excite tes compagnons.] à montrer que nous ne méritons plus le renom de pourceau béotien[4], »

Olymp., VI, 90, ed. Bergk.

pensant avoir, par son talent poétique, effacé en quelque sorte le reproche d’ignorance attaché à toute une nation.

  1. Aratus est l’astronome fameux dont il nous reste quelques ouvrages, et Chrysippe est le philosophe stoïcien disciple de Zénon et successeur de Cléanthe.
  2. Thucydide (VIII, lxxiii) dit de cet Hyperbole que c’était un mauvais citoyen chassé de la ville, non parce qu’on le redoutait, mais à cause du déshonneur qu’il y causait par sa perversité. Aristophane le nomme souvent avec mépris et tout le monde était animé du même sentiment contre cet homme dépravé. Le démagogue Cléon est également flétri par Thucydide (III, xxxvi ; IV, xxi et xxii) et par Aristophane ; Plutarque (De curios.) l’appelle κομῳδούμενον (bafoué, couvert de ridicule).
  3. On sait que la grossièreté, l’ignorance et la voracité des Béotiens sont restées proverbiales. Les auteurs de l’antiquité, poëtes ou prosateurs, sont remplis de traits satiriques contre les habitants de cette partie de la Grèce peu favorisée, du reste, par la nature. Horace (Epist. II, i, v. 244) ne croit pas mieux pouvoir peindre un jeune homme stupide que par ce trait :

    Bœotum crasso jurares aëre natum.


    Voy. aussi Gataker (Adv. misc. posth., col. 549 suiv.).

  4. Pour mieux faire comprendre le sens de la citation de Pindare, j’ai ajouté entre crochets une partie du membre de phrase qui précède cette citation. — Enée est, suivant le scoliaste, un maître de chœur attaché à Pindare.