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DES ORGANES DE LA VOIX.

Avant de les voir, nous sommes convaincus que leur existence est impossible ; quand nous les avons vues, nous reconnaissons que nous avions mal jugé, surtout, lorsque, sans grand appareil, l’artisan, n’employant qu’un seul petit moyen, découvre de tout point une œuvre irréprochable et accomplie, ainsi qu’on peut le voir dans la flexion de ces nerfs.

En effet, pour le rameau gauche, la nature le prolongeant fort loin, n’a pas hésité à lui faire contourner la grande artère (crosse de l’aorte) ; elle a choisi l’endroit où, débouchant du cœur, elle se détourne vers le rachis. Le nerf devait donc avoir tout ce qui lui était nécessaire, position transverse, flexion lisse et circulaire, borne très-forte et très-solide. — Quant au rameau droit, ne trouvant pas de ce côté du thorax de soutien semblable, il a été contraint de contourner l’artère existant de ce côté, artère qui du cœur (c’est-à-dire, à droite, du tronc innominévoy. la figure 2 et son explication) remonte obliquement vers l’aisselle droite (sous-clavière droite). Quant à cette infériorité du moyen de réflexion oblique [à droite] par rapport au moyen de réflexion transverse [à gauche], la nature l’a compensée par la multitude des ramifications issues des deux côtés du nerf et par la force des ligaments. En effet, tous les nerfs qu’elle devait envoyer aux parties droites du thorax (voy. XVI, iii, vii), elle les a produits en masse dans cette région, et les a insérés sur les organes auxquels ils sont destinés, donnant aux nerfs des racines (nerfs cardiaques) comme aux végétaux fixés en terre. Elle a donc établi ce nerf du larynx au milieu de toutes ces racines[1] pour que des deux côtés il fût protégé par elles, et l’a rattaché par des ligaments membraneux à l’artère et aux corps voisins, afin que, maintenu, pour ainsi dire, dans ces limites, il accomplît sûrement sa réflexion autour de l’artère, s’enroulant sur elle comme sur la gorge d’une poulie.

Comme, après leur flexion, ces nerfs (les récurrents) remontent immédiatement, le grand nerf (c’est-à-dire le tronc même du

  1. Il me semble que Galien veut parler des branches thoraciques du pneumo-gastrique et de leurs rapports avec le plexus cardiaque du grand sympathique. — Ne seraient-ce pas les nerfs cardiaques supérieurs (ou peut-être la branche anastomotiquevoy. plus loin, p. 508) que Galien désigne quand il dit, quelques lignes plus bas, que le pneumo-gastrique tend comme une main au nerf laryngé récurrent.