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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, xiv.

aux disciples d’Asclépiade et d’Épicure (voy. I, xxi-xxii) de quelle façon, à la place du Créateur des animaux, ils auraient gratifié de nerfs les muscles précités. J’ai l’habitude d’agir ainsi parfois et de leur accorder pour délibérer non-seulement autant de jours, mais autant de mois qu’ils le demandent. Mais, comme il n’est pas possible d’user de cette méthode par écrit, ni de comparer l’habileté de ces gens à l’incapacité de la nature, ni de montrer comment la nature accusée par eux d’inhabileté est si supérieure par ses savantes combinaisons à la sagacité de ces gens-là, qu’ils ne peuvent même pas concevoir l’art qui brille dans les œuvres du Créateur, il est nécessaire que j’expose les expédients imaginés par la nature pour distribuer aux muscles dont il est question les mouvements.

Afin d’éclaircir l’explication, il faut connaître le mouvement dit de retour (μεταληπτικὴ κίνησις, mouvement de réflexion, — de poulie)[1], qu’emploient fréquemment dans les machines les mécaniciens, parmi les architectes[2] et parmi les médecins ceux qu’on appelle organiciens. Cette espèce de mouvement a été mise en usage par la nature, antérieurement aux arts, pour communiquer l’action aux muscles [du larynx].

Quelques-uns de ceux qui liront ce livre, connaissant le mé-

  1. Hoffmann (l. l., p. 146, explique très-bien cette espèce de mouvement : « Η` κίν. μεταλ., motus permutativus seu translativus, opponitur τῆ εὐθυπόρῳ, recto. Motus simplex est vel sursum, vel deorsum, vel ad dextrum, vel ad sinistrum, vel antrorsum, vel retrorsum : motus transumptivus duplex est, primum quidem deorsum, deinde autem sursum. Hoc non potest melius explicari quam per tractionem illam, quam molimur ope trochlearum. Per has enim trajectus funis, alteri quidem suo extremo habent appensam molem trahendam, altero in manu est operarii trahentis. Qui dum trahit deorsum, moles repit sursum, itaque permutatur motus in alterum. Nimirum τὸ μεταληπτικόν non potest commodius explicari, quam per τὸ permutativus. »
  2. D’après Vitruve, I, iii, l’architecture était divisée en trois parties ; ædificatio, gnomices (connaissance des cadrans solaires), machinatio. — Ces trois parties étaient-elles exercées par trois personnes différentes, ou bien, par ex., appelait-on particulièrement μηχανικοί ceux qui excellaient dans l’art de fabriquer les machines propres à l’architecture ? C’est ce que je ne saurais dire. — La mécanique est, comme dit Aristote après Antiphon (voy. note de la p. 494), cet art qui nous fait triompher de la nature même. — Pour les médecins-organiciens, voy. dans le tome IIIe d’Oribase, les notes sur le livre XLIXe.