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DES ORGANES DE LA VOIX.

de force égale que réclamaient les deux muscles (thyréo-aryténoïdiens) qui ferment le larynx, et les quatre muscles (crico-aryténoïdiens postérieurs et latéraux) qui l’ouvrent. Les premiers contre-balancent tous les muscles du thorax pendant la rétention du souffle (voy. chap. xiii, p. 494 ; voy. aussi p. 498). L’action des quatre muscles est loin d’être inutile ; obéissant aux muscles du thorax, ils livrent une issue facile à l’air violemment poussé par ceux-ci, ce qui, même sans le concours de ces muscles, peut arriver par l’impétuosité du courant, le troisième cartilage (aryténoïde), vu sa petitesse, se renversant aisément. Ainsi, à cause de la violence de cette action, les muscles obturateurs du larynx ont dû recevoir des parties inférieures des nerfs envoyés en ligne droite pour tirer le cartilage aryténoïde par l’intermédiaire des muscles.

Si donc le cœur était le principe des nerfs, comme le pensent certaines gens qui ne connaissent rien en anatomie (entre autres Aristote !Voy. VI, viii, p. 403, note 1), il aurait mû sans peine les six muscles précités (thyréo et crico-aryténoïdiens) par l’envoi de nerfs situés en ligne droite, mais il nous jetterait dans une égale incertitude au sujet des autres muscles qui, ayant leurs têtes en haut, s’insèrent par leurs extrémités inférieures sur les parties qu’ils meuvent. Mais dans la réalité, comme tout nerf évidemment dérive de l’encéphale ou de la moelle épinière, tous les muscles de la tête et du cou jouissent d’un mouvement facile. En effet, sur les muscles dirigés de haut en bas s’insère un nerf encéphalique, sur les muscles obliques un nerf cervical ou de la septième paire (12e des mod., — gd hypogl.) qui lui-même a une direction oblique. Les six autres muscles précités (crico et thyréo-aryténoïd.) ne pouvaient recevoir leur nerf ni de l’une ni de l’autre de ces régions. En effet, se dressant de bas en haut dans la longueur du larynx, ils n’avaient nullement besoin de nerfs obliques ; ils ne trouvaient pas de nerfs venant en droite ligne du cœur ; à la vérité on pouvait tirer de l’encéphale des nerfs, mais ces nerfs arriveraient en suivant une route opposée [à celle qui convient]. Les muscles susnommés couraient donc grand risque de manquer, seuls entre tous les muscles, de nerfs qui leur communiquassent la sensibilité et le mouvement.

Je ne voudrais pas révéler comment la nature a corrigé ce défaut par l’invention d’un habile expédient, avant de demander