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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, xiii.

des flûtes est une invention de l’art, le second est une imitation du premier, imaginée par un habile artiste, capable de connaître et d’imiter les œuvres de la nature. L’inutilité de la flûte, dépourvue de l’anche, est manifestée par l’expérience même. Ne vous attendez pas à en trouver la cause dans le présent livre. Nous l’avons expliquée dans le traité Sur la voix ; nous y avons aussi démontré que la voix ne saurait se produire sans le rétrécissement du conduit ; que, s’il se déploie dans toute sa largeur, les deux premiers cartilages (thyréoïde et cricoïde) se relâchant et s’écartant l’un de l’autre, et le troisième (aryténoïde) étant ouvert, il ne peut être émis de son ; que si l’air est emporté doucement au dehors, l’expiration s’accomplit sans donner de son ; que si l’air s’échappe brusquement et avec force, il donne lieu à ce qu’on nomme soupir[1] ; que, pour que l’animal émette un son, l’abaissement brusque [du larynx] est absolument nécessaire ; que le rétrécissement du conduit de cet organe n’est pas moins nécessaire ; que ce retranchement ne doit pas s’effectuer simplement, mais que le conduit, de large qu’il est, doit peu à peu se rétrécir, et d’étroit qu’il est devenu, reprendre peu à peu sa largeur.

Cet acte est exactement accompli par le corps dont il s’agit ac-

    ram. Physic. auscult., II, ii, [p. 194, l. 21, éd. Bekker] ; Meteor., IV, iii [p. 381, l. 6, éd. B.]. Imitatur autem non ut simia, sed ut defectum naturæ suppleat (ἀλλ᾽ ὡς τὸ προσλεῖπον τῆς φύσεως ἀναπληρῷ.) Hinc Antiphon dixit apud eundem, in principio Quæst. mechanicar. [p. 847, l. 20, éd. B.] :

    Τέχνῃ (γὰρ) κρατοῦμεν ὧν φύσει νικώμεθα.
    Arte enim superamus ea a quibus vincimur.

    Arte enim superamus ea a quibusvincimur. Hinc illud vulgatum philosophorum axioma, Scientias peperit admiratio, artes indigentia seu paupertas. » Hoffmann, l. l., p. 145.

  1. Εἰ δὲ ἀθρόως τε καὶ σφοδρῶς τὸ καλούμενον στενάζειν γινόμενον. Vulg. et ms. 2154. « Locus misere habitus, » dit Hoffmann dans l’Appendix variarum lectiorum, liv. VII, t. 60. Voy. aussi son Comment. p. 145-6. — Les traducteurs latins varient sur ce passage. Les uns, au lieu de suspirium qui est la traduction de στενάζειν, ont vocem, les autres cantum, les autres enfin ont une lacune. S’autorisant de ces dissidences, et de ce fait que Galien (voy. VIII, vii) appelle ἐκφύσησις, l’émission de l’air par un mouvement brusque et fort, Hoffmann veut lire εἰ δὲ… τὴν καλουμένην ἐκφύσησιν γίνεται. Mais rien n’autorise un pareil changement. Le texte grec est formel dans les éditions et dans le manuscrit 2154 ; d’un autre côté un soupir est produit comme l’exsufflation par l’émission brusque et forte de l’air.