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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

comparant à des figuiers situés dans des lieux escarpés ; les hommes ne profitent pas de leurs fruits, mais seulement les corbeaux et les geais[1]. De même les trésors de ces riches ne servent pas aux hommes vertueux, mais sont la proie des flatteurs qui passent à côté d’eux comme s’ils ne les connaissaient pas quand la Fortune vient à les dépouiller[2]. Aussi n’était-il point étranger aux muses celui qui comparait les riches à une fontaine : on y vient puiser l’eau tant qu’elle en contient, mais, quand elle est tarie, on y satisfait aux besoins de la nature, après avoir relevé sa tunique[3]. Du reste il est très-rationnel qu’un homme dont la seule recommandation est la richesse, se trouve dépouillé avec elle de tous les avantages qu’elle lui procurait. Que peuvent espérer, en effet, ceux qui n’ayant aucune qualité personnelle s’enorgueillissent de circonstances étrangères et dépendantes de la Fortune ?


Chapitre vii. — Vanité des prérogatives de la naissance quand elles ne consistent pas à imiter les belles actions et les vertus de ses ancêtres. — Opinions d’Euripide, de Platon et de plusieurs autres écrivains sur cette matière. — Ce n’est pas non plus la patrie qui fait les grands citoyens, mais les grands citoyens qui illustrent leur patrie.


Tels sont aussi ces individus qui mettent en avant leur naissance, et qui en tirent une grande vanité. Comme ils ne possèdent aucune qualité qui leur soit propre, ils se mettent sous la protection de leurs ancêtres ; ils ignorent sans doute que les titres de noblesse ressemblent aux pièces d’argent : elles ont cours dans la ville où elles ont été frappées ; dans une autre, elles sont regardées comme de la fausse monnaie.

Jocaste : « Ton illustre naissance t’a-t-elle porté à un rang très-élevé ?

  1. Diog. Laert., VI, ii, 60.
  2. On connaît ces vers si souvent répétés d’Ovide (Trist., I, eleg. 8, v. 5-6) :

    Donec eris felix multos numerabis amicos,
    Temporasi fuerint nubila, solus eris.

    Le traité de Plutarque Sur le discernement des amis d’avec les flatteurs, est un beau et utile commentaire du passage de Galien.

  3. Ἀνασυράμενοι προσουροῦσι. — Voy. Willet, p. 84. — Quel est cet οὐδὲ ἄμουσός τις qui fait cette comparaison assez peu décente ? Willet l’ignore et je ne le sais pas davantage.