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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, x-xi.

était obligé de remplir brusquement [en se dilatant] toute la cavité du thorax. La division en lobes lui convient donc mieux pour pénétrer facilement dans les enfoncements du thorax. Voilà ce que nous avons à dire sur les parties du poumon.

    lobes et par le cœur ; ce n’est qu’après avoir écarté ces parties qu’on l’aperçoit dans toute son étendue. Situé dans la cavité droite de la poitrine, petit, triangulaire, il présente un bord inférieur qui repose sur le diaphragme à sa partie moyenne par une surface assez large et également triangulaire ; deux bords supérieurs, l’un externe, mince, libre, l’autre interne excavé pour embrasser l’artère pulmonaire, et se prolongeant derrière le cœur. Son sommet est à la racine des autres lobes, dont il semble en effet une production, comme le dit Galien ; le lobule s’étend ainsi de sa base à son sommet, depuis le diaphragme jusqu’à l’oreillette. Il est en contact avec le lobe inférieur, par sa face externe convexe, et en grande partie avec le cœur par sa face interne concave : sur cette face, au niveau de la veine cave, il présente un sillon très-distinct et semble en effet supporter cette veine pendant le trajet qu’elle parcourt à travers la poitrine avant d’entrer dans le péricarde, et lorsqu’elle y a pénétré ; cette dépression si marquée et la position de tout le lobule, ont donc pu induire Galien en erreur sur ses usages (il ne peut en effet supporter la veine cave chez les animaux qui marchent à quatre pattes), et nous expliquent sa recommandation de le chercher en dirigeant son attention sur la veine cave. Ainsi tout concorde dans cette comparaison, et le doute n’est plus possible, Galien n’a pas décrit le lobe médian, mais le lobule sous-cardiaque, qui se retrouve chez tous les mammifères au dire de Cuvier (Leçons d’anatom. comp., 2e éd., publiée par M. Duvernoy, t. VIII, p. 24 ). — Il reste une difficulté dans la description de Galien ; cet auteur n’admet que deux lobes pour le poumon droit tandis que chez les singes il y en a toujours trois, comme chez l’homme, et même souvent quatre, indépendamment du lobule. Il est difficile d’admettre qu’il avait précisément décrit le poumon sur un exemplaire qui faisait exception à la règle générale. Comme cette opinion sur le nombre des lobes du poumon droit, qui se retrouve dans toute l’antiquité, est commune à beaucoup d’anatomistes de la renaissance, à Vesale, par exemple, il faut bien admettre une raison plus générale : le lobe médian, sur l’homme, mais surtout sur le singe, est coupé obliquement, en biseau et en quelque sorte aux dépens du lobe supérieur qui repose sur lui par imbrication et le recouvre presque tout entier ; des adhérences assez prononcées sur l’animal récemment mis à mort unissent ces deux lobes ; le lobe médian n’est pas toujours, du reste, isolé dans toute son étendue, tandis que la séparation des deux lobes inférieurs et supérieurs, en rattachant le lobe médian à ce dernier, est transversale, profonde, parfaitement nette, et s’aperçoit au premier coup d’œil. C’est sans doute à ces différences si tranchées qu’est due l’erreur de certains anatomistes qui n’ont reconnu que deux lobes dans le poumon droit, même chez l’homme.