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DES ORGANES DE LA VOIX.

un autre pour les artères lisses s’ouvrant dans le ventricule gauche du cœur comme celui des veines s’ouvre dans le ventricule droit, que l’air seul est attiré du pharynx dans les bronches, et le sang seul du ventricule droit dans les veines (artère pulmonaire) et du ventricule gauche un mélange d’air et de sang. Si vous rassemblez tous ces faits rappelés à votre souvenir, vous trouverez aisément la démonstration de celui qui nous occupe. En effet, le poumon se dilatant, la substance la plus légère, c’est-à -dire l’air extérieur, pénétrera d’abord et remplira les bronches ; puis le mélange viendra du ventricule gauche du cœur et remplira les artères lisses. Le sang arrivera en troisième et dernier lieu. Avant que les bronches soient complétement remplies d’air, rien ne peut s’introduire dans aucun des autres vaisseaux. S’il en est ainsi, il ne pénétrera quelque matière du cœur dans les artères lisses et dans les veines, qu’à une seule condition : la dilatation du thorax et la distension préalable la plus grande possible des bronches. Mais, si le thorax cesse de se dilater au même instant que les bronches ont atteint leur maximum de distension, les artères lisses ni les veines n’ont plus le temps de se distendre. Car le poumon ne se dilatant plus, parce que le thorax ne se dilate pas davantage, aucune de ses parties ne saurait encore se dilater. Si donc, nous avons démontré que la dilatation des bronches seules opère la plus grande distension du poumon, il est évidemment facile de démontrer que seules aussi elles se remplissent dans l’inspiration.

Comment le démontrer ? Prenez un animal mort, insufflez-lui de l’air par le larynx, vous remplissez ses bronches et vous voyez le poumon atteindre sa plus grande distension, tandis que les artères lisses et les veines conservent le même volume. Cela prouve que la nature a créé les bronches capables d’amener le poumon à son maximum de distension, et que, par ce seul expédient, elle a nécessairement contraint, dans l’inspiration, l’air extérieur à pénétrer dans les bronches seules.

Quand donc l’air est-il attiré dans le cœur ? C’est dans la diastole de ce viscère, comme c’est dans la systole qu’il en est expulsé. Car il faut que les artères lisses obéissent aux mouvements du cœur et les trachées à ceux du poumon. Nous avons souvent démontré que ces mouvements ont deux principes totalement différents ; que ceux du cœur se produisent naturellement et ceux du