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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, ix.

la respiration est l’entretien de la chaleur naturelle, raison pour laquelle les animaux meurent à l’instant dès qu’ils sont privés de réfrigération ; après avoir dit que sa seconde et moindre utilité est d’alimenter l’esprit animal, il convient maintenant d’admirer comment la nature a disposé le poumon approprié à ces fonctions et à la production de la voix.

En faisant aboutir toutes les artères lisses à un seul centre, le ventricule gauche du cœur où se trouve le principe de la chaleur naturelle, et en fournissant ainsi au cœur un moyen perpétuel de réfrigération, elle a droit à nos éloges. Si le cœur, dans ses contractions, déverse toutes les particules brûlées et fuligineuses qu’il contient dans ces artères mêmes et surtout par la grande artère (aorte) dans les autres, et si la nature a pris soigneusement toutes ces précautions pour éviter que la chaleur du cœur ne s’éteigne, étouffée par des résidus pernicieux, célébrons ses louanges. Si, en créant le tissu mou, poreux et délié du poumon, pour que l’air du dehors puisse y entrer, elle a disposé un aliment approprié au pneuma animal, elle mérite notre admiration. Si, le poumon étant composé de trois vaisseaux, une veine, deux artères (la trachée et les veines pulmonaires), elle a néanmoins disposé la trachée-artère pour attirer tout l’air et l’expulser quand nous parlons, afin que nous puissions parler sans avoir besoin de fréquentes inspirations, chacune d’elles suffisant pour un long intervalle, elle est digne de toutes nos louanges puisqu’elle a imaginé à cet égard le meilleur expédient. Pour moi, je vous démontrerai le fait et je vous expliquerai sa cause. C’est à vous, du reste, de louer l’auteur de ces créations, si vous n’êtes pas avare de justes éloges.

Que le poumon remplisse toute la cavité du thorax, et qu’il se dilate ou se contracte en entier, suivant la dilatation ou la contraction du thorax, mes Commentaires sur le mouvement de ces deux organes (voy. VI, iii, p. 385, note 1 ; cf. aussi Fac. natur., III, xiv) vous l’ont appris. Vous y avez également appris (cf. aussi p. 414 et p. 440) que dans tous les organes qui attirent par cela même qu’ils se vident, les matières plus légères remplissent plus fortement le vide que les matières plus lourdes, et que les organes se remplissent plus promptement par de larges orifices que par de petits. Vous savez aussi qu’il n’existe pour toute la trachée-artère et les bronches, qu’un orifice considérable touchant au pharynx,