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DES ORGANES DE LA VOIX.

leur canal, une partie du sang, venant des artères lisses, transsude à travers les bronches et provoque à l’instant la toux et le crachement de sang ; dans l’état normal, l’air même, qui des trachées passe dans les artères lisses (veines pulmonaires), est très-peu considérable, la substance du poumon apparaît rare et pleine d’air, montrant ainsi qu’elle a été préparée évidemment pour élaborer l’air, comme celle du foie pour élaborer les aliments. Car il est naturel que l’air externe ne serve pas instantanément et tout d’un coup à alimenter le pneuma renfermé dans le corps de l’animal, mais que, se transformant peu à peu comme les aliments, il acquière avec le temps la qualité appropriée à l’air intérieur, et que le premier organe de ce changement soit la substance du poumon, comme celle du foie, nous l’avons démontré (IV, xii, xiii), est le principe de la transformation des aliments du sang.

Érasistrate, là où il faudrait signaler la qualité propre ou impropre de l’air, signale, je ne sais pourquoi, sa légèreté ou son épaisseur, expliquant ainsi la mort de ceux qui périssent soit dans les cavernes méphitiques[1], soit dans les maisons fraîchement enduites d’une couche de chaux, soit par la vapeur du charbon ou d’autres matières semblables, attendu, suivant lui, que l’air inspiré en de pareilles circonstances, est incapable de séjourner dans le corps à cause de sa ténuité [et qu’il entraîne ainsi avec lui l’air vital]. Il serait mieux de supposer que, si pour les aliments, il existe une certaine qualité bonne dans les légumes secs et frais, le pain et autres objets semblables, mauvaise dans la cantharide, le lièvre de mer (aplysia depilans) et autres animaux analogues, il y a de même une qualité de l’air appropriée et favorable à celui qui est renfermé dans l’animal, une autre contraire et nuisible. Si Érasistrate eût compris une fois cette idée, il n’aurait pas osé dire que la vapeur de charbon est plus légère que l’air pur, quand, à tous les yeux, elle apparaît évidemment plus lourde, mais il eût recherché, je

  1. Χαρωνείοις βαράθροις (antres de Charon). Voy. dans Oribase, t. II, p. 842, et dans Hoffman (l. l., p. 142) la liste des auteurs qui ont traité de ces antres. — On les appelait ainsi parce qu’on supposait qu’ils servaient d’entrées aux enfers. Les plus célèbres étaient en Sicile, près d’Héraclée du Pont, et près d’Hiérapolis. — Cf. aussi Connor, Dissertationes medico-physicæ De antris letiferis, etc. ; Oxon., 1695, in-8.