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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, viii.

rien inutilement, comme le reconnaît Érasistrate lui-même, eût créé sans but non-seulement les artères lisses du poumon (veines pulmonaires), mais encore les veines (artère pulmonaire) ; les premières, attendu que le cœur, pouvant se rattacher directement à la trachée, n’avait pas besoin d’artères lisses ; les secondes, car, d’après lui, la tunique de la trachée-artère elle-même, et généralement des artères de toutes les parties du corps, étant un tissu de veine, d’artère et de nerf, chacune d’elles est nourrie par la veine qu’elle renferme, veine simple, et perceptible seulement par la pensée, et n’a aucun besoin de l’adjonction d’une veine grande et composée. Si donc le ventricule gauche ne renferme que de l’air, comme la trachée-artère, si, par ce motif, les artères lisses sont sans utilité pour le poumon, et si aucune artère n’a besoin de recevoir d’une veine ses aliments, la raison demandait que le poumon fût composé d’une trachée seulement. Car, sans parler des autres raisons, celui qui voudrait défendre Érasistrate [en soutenant que les artères lisses sont utiles, bien qu’elles soient privées de sang] serait mal fondé [à présenter cette défense] en disant que la trachée-artère étant composée de cartilages ne pouvait être unie au cœur [et que par conséquent les artères lisses servaient de moyen d’union]. En effet, si les cerceaux de la trachée sont attachés les uns aux autres par des corps membraneux, ils pourraient l’être au cœur de la même façon.

Pourquoi donc n’y a-t-il pas eu dans le poumon une seule espèce d’artères ? Pourquoi, de plus, avait-il besoin de veines ? Érasistrate ne saurait répondre à ces questions, il ne peut expliquer non plus pourquoi la tunique des artères est veineuse et celle des veines artérielle ; quant à nous, nous l’expliquons aisément (cf. VI, x, xiii) Nos raisonnements sur les utilités témoignent en faveur de nos démonstrations sur les fonctions.

Comme toutes les autres artères du corps de l’animal ainsi que le ventricule gauche du cœur renferment du sang et que les bronches seules vides de sang ont été rattachées au cœur par le moyen des artères lisses, la nature qui ne fait rien sans raison a dû nécessairement proportionner les orifices des bronches, de façon qu’elles donnent seulement passage à la vapeur et à l’air, et qu’elles le refusent au sang et aux matières aussi épaisses. Si, par hasard, venant à s’ouvrir, elles perdent la juste proportion du calibre de