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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, viii.

rendent un son moins net que les corps modérément secs (cf. chap. vi, p. 468). Dans toutes les fièvres ardentes, les parties qui constituent le pharynx et la trachée-artère étant fortement desséchées, il se produit alors des sons appelés éclatants par Hippocrate[1]. C’est ce qui a lieu chez les animaux qui ont le cou très-long et les cartilages secs comme les grues. Aussi Homère (Iliade, III, vers 5) dit-il, à propos de ces oiseaux : « Ils planent sur les flots de l’océan avec des cris éclatants. » Ainsi un instrument sec rend cette espèce de mauvais son. Dans les catarrhes et les coryzas, la voix devient rauque par abondance d’humidité superflue. Instruit par avance de tous ces faits, notre Créateur a donné une sécheresse modérée à la tunique sous-jacente des cartilages en évitant l’un et l’autre excès.

Telle est la nature de l’artère du poumon composée de bronches ἐκ τῶν βρογχίων συγκειμένη. Les médecins ont appelé (βρόγχια) les cartilages, comme aussi ils appellent βρόγχον toute la trachée et son extrémité supérieure qui se nomme encore larynx. Nous parlerons un peu plus loin de la structure de ces organes (chap. xi, p. 483 suiv.).


Chapitre viii. — Galien démontre contre certains médecins, et en partie contre Érasistrate que le poumon ne pouvait pas être constitué uniquement par la trachée-artère, mais qu’il fallait de plus une artère lisse et une veine. — Nouvelles attaques contre Érasistrate, suivant qui, la nature aurait créé inutilement, d’une part, les artères lisses du poumon (veines pulmonaires), puisqu’elle aurait pu attacher directement la trachée-artère au cœur, et d’une autre part les veines (artère pulmonaire), attendu que, toujours d’après Érasistrate, les artères n’ont pas besoin de veines nourricières, et qu’elles sont vides de sang, de sorte qu’il n’y avait besoin de veines, ni pour alimenter la trachée et les veines pulmonaires, ni pour établir des anastomoses entre ce dernier vaisseau et l’artère pulmonaire. — Précautions prises par la nature pour que le sang ne passe pas à travers les bronches. — Que le poumon élabore le pneuma comme le foie élabore l’aliment. — Fausse théorie d’Érasistrate sur l’asphyxie ; il ne tient compte que du degré de ténuité de l’air, et paraît ignorer que l’air a comme les aliments des qualités intimes qui le rendent propre ou impropre à la respiration. — De la position respective des trois ordres de vaisseaux du poumon. — Avantages de la substitution des tuniques dans les veines et dans les artères pulmonaires.


Le poumon, pour qui examine légèrement de semblables questions, pourrait sembler, d’après ce que nous venons d’en dire, avoir

  1. Voy. pour l’indication des passages d’Hippocrate où se trouve le mot