Est-ce que la nature, qui a créé la trachée-artère avec un art suprême, aurait procédé avec négligence, eu égard à la position respective de ses diverses parties constituantes, en disposant extérieurement (c’est-à-dire, en avant) la partie arrondie des cartilages, et intérieurement (c’est-à-dire en arrière) pour achever le cercle, les ligaments qui complètent le reste de la circonférence ? Ou bien n’est-ce pas une preuve de cette habileté, toujours la même, que d’avoir, à l’endroit où l’artère devait toucher l’œsophage, établi en arrière le ligament qui rattache les cartilages, et d’avoir fixé en avant le cartilage comme un moyen de défense contre les corps extérieurs, afin que l’œsophage ne fût pas comprimé par la dureté de ces cartilages, et que la trachée-artère, rencontrant les corps extérieurs par ses parties les plus molles, ne fût pas exposée à des lésions ? Dans l’état actuel, les parties dures se trouvant à la face antérieure du cou et les parties molles touchant l’œsophage, la nature a donné à chacun des organes de merveilleuses protections contre les lésions ; l’œsophage ne saurait être lésé par l’artère, ni l’artère par les corps extérieurs.
Est-ce là le seul avantage que la nature ait tiré pour les animaux de la disposition des cartilages de la trachée-artère, ou bien en résulte-t-il un plus considérable pour la déglutition des aliments et des boissons qu’on prend en grande masse à la fois ? Elle me paraît encore avoir merveilleusement préparé ce résultat. Car si les cartilages eussent été tous complètement circulaires[1], outre
- ↑ La trachée-artère représente, du moins chez l’homme et chez la plupart des singes, un cylindre dont on aurait enlevé le quart ou le tiers postérieur.