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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, v.

renvoyer le son comme un bassin[1] et par la luette qui joue le rôle de plectrum[2] (voy, XI, xi) ; nous y avons encore démontré que la voix ne se produit pas par une expiration simple, que l’émission du souffle (ἐκφύσησις, exsufflation)[3], est la matière spéciale du son ; qu’il existe une différence entre l’exsufflation et l’expiration même et quelle est cette différence ; que les muscles du thorax produisent l’exsufflation ; quel en est le mode de formation, et quel est celui de la voix. En ce moment, et comme je l’ai dit, mon but n’est pas de démontrer aucun de ces faits ; je veux prouver, les tenant pour réels, qu’il n’était pas possible de donner une meilleure structure à une partie qui est en même temps l’organe de la respiration et celui de la voix. Ces démonstrations actuelles sur l’utilité des parties témoigneront naturellement que nous avons bien exposé précédemment leurs fonctions. Ainsi nous avons établi, dans ce traité, que la voix est préparée au larynx par la trachée-artère, mais que le son n’y est pas encore achevé.

En exposant que c’est la partie cartilagineuse de la trachée qui

  1. « Jam dixi in Variis meis [Variæ lectiones, I, xix], vocem hanc [ἠχεῖον] habere apud Vitruvium, I, i, geminam significationem, Galenum autem accipere in ea significatione, in qua ille [Vitruvius] lib. V, cap. v, pro loco (inquam) illo theatri, in quo collocata fuerant vasa quædam ærea ad procurandam, non ἠχώ quandam, ut Victorius vult lib. XX, Variar. etc., cap. vii, sed sonorum quandam differentiam, uti (verba sunt Architecti) vox scenici sonitus tactum cum offenderit, aucta cum incremento, clarior et suavior ad spectatorum perveniat aures. » Hoffmann, l. l., p. 135. — Voy. aussi Trésor grec, voce ἠχεῖον.
  2. Γαργαρεὼν οἷον πλῆκτρον. — Le plectrum était proprement une petite verge d’ivoire avec laquelle on touchait les cordes de la lyre. Ici Galien prend ce mot dans son sens le plus général d’instrument qui sert à frapper l’air pour en atténuer la force. La langue a été aussi comparée au plectrum, parce qu’elle frappe le palais dans l’émission des sons. Voyez du reste XI, xi, ce que Galien et les modernes pensent des usages de la luette.
  3. Ἐκφύσησις est l’émission violente et précipitée (ἀθρόα) du souffle, comme dit Galien dans son traité Du mouvement des muscles, II, ix, et qui s’accomplit quand les muscles intercostaux entrent directement en action. L’exsufflation est la condition essentielle de la voix, tandis que ἐκπνοή (expiration) est une émission lente et faible du souffle, qui je produit par le mouvement de retour des muscles thoraciques dilatés par l’inspiration. Ainsi l’exsufflation est plutôt active, et l’expiration plutôt passive. Voy. VIII, vii ; Hoffman, l, l., p. 145 et 189, et ma Dissertation sur la physiologie de Galien.