Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/496

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
464
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, iv-v.

qui occupent l’espace laissé entre les [extrémités des] cartilages sigmoïdes [et complètent ainsi le cercle] ; en longueur, celles qui unissent les cartilages mêmes.

Vous pouvez constater évidemment ce fait sur un animal déjà mort, en insufflant par la trachée-artère de l’air dans tout le poumon, et ensuite en le comprimant et le vidant. On voit, en effet, les membranes de jonction des cartilages, quand l’air insufflé a rempli tout le poumon, se tendre et écarter les cartilages les uns des autres, autant que leur nature leur permet de se distendre ; au contraire, quand l’air est expulsé, ils se relâchent, se replient, se ramassent sur eux-mêmes, et permettent aux cartilages de se toucher réciproquement[1]. Les ligaments remplissant l’intervalle entre les [extrémités des] cartilages sigmoïdes, s’élargissent en se gonflant par l’insufflation et deviennent convexes du côté extérieur ; par l’expulsion de l’air ils se relâchent et retombent intérieurement. Cela montre évidemment que les alternatives d’allongement et de raccourcissement de la trachée-artère sont produites par les parties qui unissent les cartilages, et que l’élargissement et l’affaissement dépendent de celles qui achèvent le cercle commencé par les cartilages sigmoïdes.

  1. « La différence ou la limite du plus grand allongement et la limite du plus grand raccourcissement de la trachée peut être [chez l’homme et chez les singes], de moitié, c’est-à-dire de 54 à 67 millimètres (2 pouces à 2 pouces et demi). La limite du raccourcissement est établie par le contact des bords des cerceaux cartilagineux. L’allongement et le raccourcissement de la trachée ont des limites bien plus restreintes dans l’homme que dans les oiseaux, chez lesquels, mus à l’aide de muscles longitudinaux, les cerceaux de la trachée se reçoivent réciproquement : chez les oiseaux, dans le plus grand raccourcissement possible, trois cerceaux rapprochés s’imbriquent au point de ne présenter que la hauteur d’un seul cerceau : il en résulte que la trachée de l’oiseau peut diminuer des deux tiers. Cette différence de disposition est en rapport avec la différence d’usages, la trachée de l’homme et des mammifères étant seulement un porte-vent, tandis que la trachée des oiseaux est un porte-voix. » Cruveilhier, Anat. descriptive, 3e éd. t. III, p. 485-6. On devra consulter aussi sur ce sujet le beau travail de M. Sappey intitulé : Recherches sur l’appareil respiratoire des oiseaux ; Paris, 1847, in-4, avec planches. — On voit que Galien n’a étudié que des trachées de mammifères, ou du moins qu’il n’a pas signalé la disposition si remarquable de celle des oiseaux. Peut-être son traité Sur l’anatomie de tous les animaux, qui est perdu, ou qui n’a jamais été achevé, eût levé bien des difficultés et comblé bien des lacunes.