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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, iv.



Chapitre iv. — Les cartilages de la trachée-artère servent à l’émission de la voix, et les membranes permettent que cette partie suive les mouvements de resserrement et de dilatation du poumon et du thorax. — Cela est démontré par l’expérimentation sur les animaux morts.


Pourquoi la nature, au lieu de faire cette artère entièrement cartilagineuse ou membraneuse, a-t-elle placé alternativement un cartilage et une membrane, et ces cartilages mêmes, pourquoi, au lieu d’être des cercles parfaits, manquent-ils chacun d’un petit segment ? C’est ce que je vais expliquer.

Je prouverai d’abord que l’organe de la voix exigeait absolument des cartilages (voy. chap. v) ; car j’ai démontré, dans mes Commentaires sur la voix[1], que toute percussion de l’air n’est pas capable de produire un son, mais qu’il faut un certain rapport [entre l’air, d’une part] et d’une autre entre la substance et la force du corps qui frappe l’air, de manière que ce dernier oppose quelque résistance, et ne soit pas rejeté vaincu au premier choc. Le cartilage dans les animaux présente ce degré convenable ; les corps plus mous faute de force frappent l’air d’une façon insensible ; les corps durs repoussent l’air si vivement, qu’il reçoit le coup sans attendre et sans résister, et que s’échappant et s’évanouissant, il paraît moins recevoir le coup que s’écouler (cf. Vitruve, De archit., V, v)[2].

Il ne faut pas chercher ici les démonstrations de ces faits non plus que d’aucune autre fonction, Après avoir décrit séparément [dans d’autres traités] chacune de ces fonctions, nous terminons en exposant l’utilité des parties, ce qui exige, comme nous l’établissions dès le principe (I, xvi), la connaissance préalable de toutes les fonctions.

Le cartilage de la trachée-artère est l’organe particulier de la voix même[3]. Elle serait tout entière composée de cartilage,

  1. Dans le chap. viii du fragment que nous possédons en latin seulement, sous le titre De vocalium instrum. anatomia, il est bien question de l’action de la trachée-artère pour la production de la voix ; mais évidemment c’est dans le traité perdu Sur la voix que se trouve le passage auquel Galien fait allusion. (Voy, p. 380, note 2.)
  2. Il eût été plus régulier de dire que c’est l’air qui frappe le corps vibratile.
  3. Voy. la Dissertation sur la physiologie de Galien où j’ai résumé la note d’Hoffmann (l. l. p. 134) sur ce passage.