Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
461
DES ORGANES DE LA VOIX.

ment privé de sang. Érasistrate répute aussi comme telle l’autre artère, qui est lisse (veines pulmonaires), mais à tort, comme nous l’avons dit souvent (voy. VI, xvii, p. 442, et les notes 1 et 2). En effet, celle-ci renferme une quantité non médiocre d’un sang vaporeux léger et pur. La trachée est complétement dépourvue de sang, du moins dans l’état normal. S’il survient un déchirement, une anastomose[1] (ouverture) ou une érosion d’un vaisseau dans le poumon, alors il se répand dans cette artère du sang qui gêne la respiration, en obstruant le passage de l’air ; dans ce cas l’animal tousse et le sang remonte dans la bouche par le pharynx.

    cartilagineuses disparaissent à leur tour complètement. — La membrane fibreuse n’est pas seulement une enveloppe de la trachée, comme le dit Galien ; c’est en définitive la trame essentielle, le tube primitif de la trachée. Les cartilages sont, pour ainsi dire, des accidents. Ils varient de forme, de nombre et de consistance, suivant les animaux. — Hoffmann (l. l., p. 133) a reproché à tort à Galien d’avoir cru que les cerceaux cartilagineux des ramifications bronchiques sont incomplets ; du reste sa réfutation montre jusqu’à quel point les considérations théoriques sur la cause finale avaient encore d’empire de son temps, et combien elles dominaient l’observation des faits. Voici ses paroles : « Hoc et allatæ rationi repugnat et sensui : rationi : si enim non amplius premunt œsophagum, non est etiam opus ilia naturæ sollicitudine, ut compleat circulum interposita membrana ; quin totus debet esse in pulmonibus circulus, ut semper pateat aeri via ; sensui : toti enim sunt circuli in pulmonibus. Idem sensus nos docet, in pulmonibus non tantum circulares esse, sed et quadratas aliquando, aliquando aliæ figuræ. Joh. Alexandrinus vult exculpare Galenum (ut video) τῷ πολλοί quasi voluerit multos, non omnes annulos esse σιγμοειδεῖς. » — Ce qui peut-être a trompé Hoffman, c’est que sur les bronches les plaques sont disséminées à la périphérie, tandis que les cerceaux de la trachée ne sont situés qu’à la partie antérieure. — Si l’on se contente d’examiner la trachée chez l’homme et chez certains autres animaux, où les cerceaux sont incomplets, on sera tenté de croire avec Galien que la présence d’un segment membraneux tient essentiellement aux rapports de la trachée avec l’œsophage ; mais si on pousse plus loin les investigations, on constate bien vite que chez quelques singes, chez beaucoup de carnassiers, de pachydermes, chez les oiseaux, ces anneaux sont ou complets ou presque complets, et cela indépendamment du mode de station des animaux. Il faut donc bien admettre que, si la présence d’un segment membraneux peut faciliter la déglutition quand elle existe, ces segments ne sont pas indispensables sous ce rapport, et que leur existence se rattache à une série de dispositions anatomiques ou d’actes physiologiques encore inconnus.

  1. Voy. la Dissertation sur la pathologie de Galien, et Cf. Méthode thérap., V, ii.