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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xxi.

d’anastomoses nombreuses et d’une finesse qui échappe à l’œil ; mais le sang participe plus facilement au pneuma chez le fœtus, car il faut encore ajouter ce fait évident chez les fœtus ; or c’est là une preuve non médiocre que les deux genres de vaisseaux s’anastomosent entre eux[1], et que les veines contiennent aussi des particules de pneuma. En effet, quand l’animal n’est pas encore né, si vous ouvrez l’épigastre, puis l’utérus de la mère en suivant le procédé qui a été indiqué dans le Manuel des dissections[2], et si vous liez les artères de l’ombilic, toutes celles du chorion seront privées de pulsation, tandis que celles de l’embryon battront encore. Mais si vous liez les veines de l’ombilic, les artères de l’embryon ne battront plus. Cela prouve que la faculté qui fait mouvoir les artères du chorion vient du cœur du fœtus, et aussi qu’au moyen des anastomoses avec les veines, les artères sont pourvues de pneuma, à l’aide duquel la chaleur naturelle peut être conservée pendant quelque temps.

Il n’est donc pas impossible que pour le cœur lui-même, le vaisseau qui renferme le sang favorise la chaleur innée de la cavité gauche, chaleur qui, nous l’avons démontré (cf. Utilité de la respir., chap. iv, et Utilité du pouls, chap. iii), rend nécessaires, chez les animaux, la respiration et le pouls. Cela établit clairement que la nature a tout disposé avec prévoyance, que la vérité est partout d’accord avec elle-même, et que les assertions d’Érasistrate sur l’absence complète du mélange des matières ne sont en rapport ni avec les faits, ni avec elles-mêmes.

Ce que nous avons dit tout à l’heure prouve simultanément les trois faits suivants : Les artères ne se dilatent que parce qu’elles se remplissent du pneuma fourni par le cœur ; à chaque dilatation elles attirent quelque chose des veines ; enfin, chez les embryons, il est nécessaire, comme l’artère veineuse (veines pulmonaires) tire du sang de la veine cave [par le trou de Botal], que le cœur, en se dilatant, fasse pénétrer dans la cavité (ventricule) gauche une quantité de sang assez considérable, lequel ne trouve pas d’obstacles dans les

  1. Voy. Hoffmann, l. l., p. 128-129, et la Dissert. sur la physiologie.
  2. Ce procédé se trouve dans les livres encore inédits, livres qu’on trouvera à la suite du traité de l’Utilité des parties. Voy. la Bibliographie, dans le volume qui comprend mes Études sur Galien.