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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

de loin, quelques-uns même sont suspendus à ses mains. Au milieu de cette foule vous distinguez d’abord Crésus de Lydie[1] et Polycrate de Samos. Spectacle étonnant ! Pour le premier le Pactole roule de l’or ; les poissons de la mer obéissent au second ! Après eux se trouvent Cyrus, Priam et Denys ; mais regardez à quelque temps de là, vous apercevez Polycrate attaché à une croix, Crésus vaincu par Cyrus, Cyrus lui-même courbé sous le joug d’autres rois, Priam jeté dans une prison, et Denys à Corinthe[2] ! Si vous examinez aussi ceux qui suivent de loin la divinité sans pouvoir l’atteindre, vous prendrez en dégoût tout ce cortège composé en grande partie de démagogues[3], puis de courtisanes[4], de pédérastes[5], et de gens qui ont trahi leurs amis ; vous y trouverez aussi des homicides, des violateurs du repos de la tombe, des voleurs, enfin une foule de misérables qui, non contents d’insulter aux Dieux, mettent leurs temples au pillage.


Chapitre v. — L’auteur revient sur le tableau que présente la suite de Mercure ; on n’y voit que des savants et des hommes de bien ; ils suivent le Dieu partout, et partout aussi le Dieu leur vient en aide. — Aristide en est un exemple.


Mais l’autre cortège, celui de Mercure, n’est composé que d’hommes décents, et cultivant les arts ; on ne les voit ni courir, ni vociférer, ni se disputer. Le Dieu est au milieu d’eux ; tous sont

  1. L’histoire de tous les personnages nommés par Galien est trop connue pour que je m’y arrête ici.
  2. On sait que Denys à Corinthe était un proverbe pour les anciens comme il l’est encore pour nous ; Galien a heureusement maintenu dans son texte la forme proverbiale.
  3. Δημαγωγούς. Ce mot, pris d’abord en bonne part, devint au temps de Périclès une épithète injurieuse, et servit à désigner les hommes qui, par leurs paroles et leurs actions, entraînaient le peuple en favorisant ses passions (voy. Aristote, Polit, passim. Les poëtes, surtout les tragiques et les comiques (voy. entre autres Eurip., Hecub., v. 254 suiv. et Aristoph., Equit., v. 191 suiv. et 217 suiv, abondent en invectives contre les démagogues et la démagogie.
  4. Les hétères (ἑταῖραι) étaient des filles publiques non esclaves, et les πόρναι des filles publiques esclaves. — Voy. sur la signification de ces mots, Rosenbaum, Die Lustseuche in Alterthüme, § 10, p. 93 suiv.
  5. Πόρνοι, en latin cinaedi ; voy. sur ce mot le Trésor grec.