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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

peut être à la fois forte et mince ; que, d’un autre côté, si elle était épaisse, beaucoup de parties du corps ne recevraient pas une nourriture convenable. La nature a donc bien disposé toutes ces choses dans tout le corps de l’animal, et particulièrement dans le cœur même, en imaginant de faire communiquer les veines avec les artères par de petits orifices (partuis inter-ventriculaires). Aussi le vaisseau qui s’insère sur le cœur (veine cave) est-il plus volumineux que celui qui en sort (artère pulmonaire), bien que ce dernier reçoive un sang déjà liquéfié [et par conséquent plus dilaté] par la chaleur naturelle du viscère. Mais comme une grande quantité de sang pénètre dans la cavité gauche par le milieu de la cloison des cavités (cloison inter-ventriculaire) et par les ouvertures qui s’y trouvent, il est naturel que le vaisseau qui pénètre dans le poumon (artère pulmonaire) soit moins volumineux que celui qui apporte le sang au cœur (veine cave). Semblablement l’artère qui, du poumon amène l’air dans le cœur (v. pulmon.), est elle-même beaucoup moins volumineuse que la grande artère (aorte), de laquelle prennent naissance toutes les artères du corps, parce que la grande artère enlève une partie du sang du ventricule droit, et qu’elle devait être l’origine de toutes les artères du corps entier de l’animal.

Comme la substance du cœur est épaisse, dense, et réclame un aliment épais, elle est alimentée par le sang de la veine cave avant qu’il ne pénètre dans le coeur[1]. En effet, arrivé dans ce viscère, il devait devenir chaud, léger et subtil. Par cette raison, il est donc en tous points raisonnable, bien que cela paraisse singulier à certaines gens, que le cœur fournisse des aliments au poumon et qu’il n’en fournisse pas à lui-même. En effet, le poumon avait besoin d’un sang ténu et vaporeux, le cœur n’avait pas besoin d’un pareil sang. Le cœur, mû en vertu de sa propre puissance, demandait une substance forte, épaisse et dense. Quant au poumon, qui est mû par le thorax, il valait mieux qu’il ne fût ni lourd, ni dense, mais léger et poreux. Chacun d’eux ainsi constitué, réclamant des aliments analogues à sa

  1. On sait que les veines cardiaques ou coronaires s’ouvrent directement dans l’oreillette droite qui pour Galien fait partie de la veine cave. — Voy., pour la description de ces veines, la Dissert. sur l’anatomie.