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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xvii.

dans le corps de l'animal, mais pourquoi elle a lieu. Comme la connaissance du fait précède nécessairement la cause de ce fait, ainsi que dit Aristote (Anal. post., II, i, ii), il est impossible d'exposer les utilités avant d’avoir rappelé les fonctions (cf, I, viii ; aussi p. 351, note 1.)

Les petites fosses (βόθυνοι) qui apparaissent, surtout vers le milieu de la séparation [des deux cavités] du cœur (cloison inter-ventric.) ont donc été créées en vue de la communication dont nous avons parlé plus haut (laquelle existe pour qu'il y ait échange mutuel de sang et de pneuma)[1] ; car outre les autres utilités communes indiquées, il valait mieux que le sang des veines passât tout élaboré dans les artères, de façon que les veines fussent pour les artères ce qu'est l'estomac pour les veines[2] ; car il n’est pas du tout déraisonnable d'imaginer que le pneuma vital, s’il est vrai qu'il existe, est une exhalation (ἀναθυμίασις) du sang, pourvu que le sang soit pur[3]. Nous avons développé ailleurs (Util. de la respir., chap. v, t. V, p. 501) cette proposition. Pour notre but actuel, il nous suffit d'indiquer seulement qu'il y a utilité à ce que les artères renferment un sang pur et léger, puisqu'il est destiné à alimenter l'air vital.

Tous ces faits sont donc une grande preuve que la nature a été sage de créer cette double espèce de vaisseaux, que de plus, les artères destinées à un mouvement incessant, ont besoin d’une certaine force et d’une certaine espèce de tunique, que celle-ci ne

  1. Voy. pour cette prétendue communication chez l’homme entre les deux ventricules, les Dissert. sur l'anatomie et la physiologie. — Galien parle aussi de ces fosses qui s’avancent le plus possible dans chacun des ventricules (ἐπὶ πλεῖστον βάθος προήκοντας) à la fin du chap. x du livre VII, du Manuel des dissect. — Galien qui dans ce chapitre se moque si bien des médecins qui n'avaient pas su trouver l’os du cœur sur un éléphant mériterait bien d’être raillé pour avoir vu ce qui n’existe pas et s'être laissé tromper par les apparences. Cf. Hoffmann, p. 212.
  2. Voici comment Hoffmann, l. l., p. 124, s'exprime à ce sujet : « Si bene habet comparatio, ut habet : utique dicere etiam licet ! Quod hepar est venis, id cor est arteriis. Ut enim ventriculus præparat materiam, quam venæ deinde elaborare debent ; et venæ præparant materiam, quam arteriæ denique ad ultimam perfectionem deducere debent : ita hepar præparat materiam, cui cor imponit ultimam manum. Jam igitur cadit hoc, quod Galenus alicubi tantopere negat, hepar non laborare pro corde. Nempe non distinguit publicas actiones a privatis. » — Voy. la Dissert. sur la physiologie.
  3. Cf. Hoffmann, l. l., p. 124, et la Dissert. précitée.