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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

Les anastomoses des artères avec les veines, la nature ne les a pas créées inutilement ni en vain, mais pour que l’utilité de la respiration et des pulsations se répartisse, non pas sur le cœur et les artères seulement, mais encore sur les veines. Nous avons dit ailleurs (Facultés naturelles, III, XIII) quel genre d’utilité elles présentent. Ces notions suffisent pour le but que nous nous proposons dans ce traité. Nous parlions, il n’y a pas longtemps (chap. x, p. 411), de la nécessité que toutes les parties du corps ne reçussent pas la même nourriture ; cette nécessité démontre l’utilité d’une différence dans les vaisseaux. Car, s’il n’y avait pour le sang qu’un seul vaisseau, toutes les parties seraient nourries d’un aliment semblable. Et cependant y aurait-il quelque chose de plus déraisonnable et de plus absurde que de s’imaginer que le foie, par exemple, le plus pesant et le plus dense des viscères, ait besoin, pour se nourrir, du même sang que le poumon, organe le plus léger et le plus poreux.

Aussi la nature a-t-elle eu raison de créer dans le corps des animaux, non-seulement les artères, mais encore les veines. C’est pour cela que le foie est alimenté par des veines seules, veines très-fines et très-poreuses, et que le poumon l’est par des artères. En effet, les veines destinées à l’alimenter, ressemblent aux artères, comme nous l’avons dit plus haut (chap. x, p. 406 et suiv.). Il faut donc admirer ici encore la prévoyance de la nature, qui crée des vaisseaux de deux espèces, dont les extrémités les plus voisines s’anastomosent entre elles et qui, avant tout, fait communiquer entre elles les cavités mêmes du cœur, comme nous l’avons aussi établi ailleurs (chap. xvi, fine). Maintenant, en effet, nous ne nous proposons pas de montrer que telle chose a lieu

    pas pour une aussi détestable fin qu’elles existent, c’est pour un échange mutuel de sang et de pneuma entre les deux ordres de vaisseaux. Jusqu’ici le raisonnement est irréprochable ; mais en rétablissant ce qu’il croit être la vérité sur les anastomoses, Galien ne supprime ni les inflammations, ni les funestes maladies qui en sont la conséquence, en sorte que la nature justifiée sur un point doit être attaquée sur un autre, puisqu’elle n’a pas su prendre ses précautions contre l’inflammation et contre mille autres maladies, puisqu’en un mot elle n’a su nous rendre ni invulnérables, ni immortels ! La question n’est donc que reculée et nous voilà conduit ad absurdum. Mais Galien s’arrête à temps, ne voyant pas ou ne voulant pas voir où l’entraîne sa logique.