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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xvii.

pas de sang aux artères[1], comme Érasistrate, n’en reconnaissent pas moins que les artères s’anastomosent avec les veines ; et, bien qu’ils pensent que toutes choses ont été disposées par la nature avec art, que rien n’a été fait en vain, ils ne comprennent pas qu’ils avouent par là que ces anastomoses existent sans cause. Que ces anastomoses fussent disposées sans but et ne rendissent aucun service à l’animal, cela seul serait peu de chose ; mais une faute plus grave et qui paraîtrait une erreur sérieuse de la nature, ce serait qu’une chose, non-seulement ne fût pas utile, mais devînt encore extrêmement nuisible, et c’est là la conséquence à laquelle ils arrivent.

Érasistrate lui-même nous apprend donc avec soin que l’inflammation ne saurait naître que d’un épanchement du sang des veines dans les artères. Et cependant, si une inflammation ne peut naître autrement, les animaux ne devraient être tourmentés ni de pleurésie, ni de frénésie, ni de péripneumonie, ces anastomoses étant supprimées ; il n’y aurait non plus ni ophtalmie ni esquinancie, ou cynanche, les anastomoses n’existant pas ; ni inflammation du foie, de l’estomac, de la rate et des autres parties. Qu’en résulterait-il, sinon que la plupart des maladies les plus graves n’existeraient pas sans ces anastomoses, auxquelles la prévoyante nature n’a accordé aucune utilité pour l’animal, et qu’elle aurait destinées à n’être que les instruments de la naissance de maladies mortelles[2]. En effet, sans les anastomoses, l’inflammation n’irriterait pas les blessures ; il n’y aurait ni fièvre produite par la pléthore, ni phlegmasie du foie, de l’estomac, du cœur (cf. p. 400, note 3), ou de quelque autre organe, maladies dont on meurt, et toujours si rapidement. Quant à l’opinion d’Érasistrate sur les artères, opinion qui contredit et combat l’évidence, comme je l’ai déjà discutée, non pas une fois ou deux, mais à plusieurs reprises, je crois inutile maintenant d’y revenir.

  1. Voy. pour cette importante question, qui a tant occupé Galien, la Dissert. sur la physiologie.
  2. Voy. dans la Dissert. précitée l’indication de tous les passages où Galien réfute cette opinion d’Érasistrate. — Suivant la doctrine d’Érasistrate, dit Galien, les anastomoses n’existeraient que pour produire les maladies les plus dangereuses ; la nature en les créant aurait donc commis la faute la plus grave, mais ce n’est