Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xiv-xv.

l’artère veineuse, laquelle se distribue dans le poumon, offre deux épiphyses membraneuses (valvule bicuspide ou mitrale, voy. plus haut) s’ouvrant de dehors en dedans, et dont aucun anatomiste n’a tenté de comparer la forme à un corps connu, comme on l’a fait pour les valvules sigmoïdes, car le nom de triglochines, qu’on leur a donné, se rapporte, non à la forme de chacune d’elles, mais à l’arrangement qu’elles offrent entre elles[1]. En effet, quand elles sont réunies, elles ressemblent exactement à des pointes de dards. Mais ce nom peut s’appliquer [principalement] aux trois membranes qui existent à l’orifice de la veine-cave. Il conviendrait mal à celles de l’orifice de l’artère veineuse (veine pulmonaire), lesquelles ne sont qu’au nombre de deux. Je dirai un peu plus loin (chap. xv, p. 437) pourquoi c’est le seul orifice pourvu de deux membranes : car la nature n’a pas, en cette occasion, montré de négligence.

C’est avec raison que pour les vaisseaux qui amènent les matières au cœur, il existe des membranes (valvules) grandes et fortes, et qu’elles sont moins robustes dans les vaisseaux qui les expulsent (voy. chap. xv, medio). Je vais essayer de démontrer ce fait ainsi que les autres moyens préparés par la nature pour que les matières soient attirées puis expulsées. Il est difficile, même en voyant les parties, d’expliquer clairement de telles choses ; mais, sans la vue, cela est presque impossible. Il faut s’efforcer néanmoins, de donner de ces faits une idée aussi nette que possible. Les membranes, disposées de dehors en dedans, lesquelles, disions-nous, sont grandes et fortes, ont, toutes, leurs extrémités attachées dans le cœur même, et retenues par des ligaments solides (colonnes charnues et leurs ligaments). Quand le cœur se dilate, chacun de ces ligaments, tendu par l’écartement même du viscère, tire à lui et renverse, pour ainsi dire, la membrane sur le corps même de ce viscère. Les membranes étant donc toutes trois repliées circulairement sur le cœur, les orifices des vaisseaux s’ouvrent, et le cœur attire facilement par une large voie les matières contenues dans ces vaisseaux. Le cœur, par ce mouvement, attire à lui et les matières et le vaisseau même, qui est tendu et entraîné

  1. Voy. note 1, p. 430.