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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xiii-xiv.

grand nombre ne s’y laisse pas tromper. La réfutation, comme il a été dit précédemment, est double, étant tirée, l’une de l’anatomie, l’autre des principes du raisonnement. Il a bien paru que le savant Asclépiade ignorait l’un et l’autre, qu’il ne savait pas que les artères diffèrent des veines, non-seulement par l’épaisseur, mais encore par le nombre et la dureté des tuniques, et par la disposition des fibres ; que de plus, en traitant sans embarras de ces questions, il trahissait son ignorance sur celles à propos desquelles il garde un silence forcé. Pour qu’il en soit manifestement convaincu, revenons sur les faits que révèle la dissection.

Lui-même reconnaît qu’aucun embryon ne respire. Et moi j’affirme, bien qu’il ne le dise pas, que si l’on prend un animal nouveau-né ou encore dans le sein maternel, et qu’on le dissèque, on verra que les artères du poumon ont les caractères des veines, et les veines ceux des artères. Et certes, il y a désaccord entre ces faits et la théorie d’Asclépiade. Comment prétendrait-on encore que la cause de cette substitution des vaisseaux est le mouvement de la respiration, l’action fatigante des artères ou l’exercice modéré des veines, puisque de telles dispositions apparaissent dans les embryons même avant qu’ils respirent. Mais, au sujet des embryons, nous dirons un peu plus loin (chap. xx et xxi) quel spectacle admirable présente toute la base de leur cœur. Asclépiade n’a pas connu cela, ou s’il l’avait connu, il lui eût été impossible d’en découvrir les causes, lui qui rapporte aux atomes et au vide les principes de tous les phénomènes. Dans le livre actuel, j’ai voulu le railler un peu et lui montrer que je n’ignorais ni l’étendue, ni la nature de sa science anatomique, ni ses notions des conséquences et des contradictions.

Je rappellerai encore à cet homme le thorax et le cœur. Peut-être parce que l’encéphale est éloigné du poumon, a-t-il oublié ce viscère, perpétuellement agité et qui n’a cependant ni les veines artérielles, ni les artères veineuses[1]. Mais le thorax tout entier

  1. Hoffmann (p. 117) trouve contrairement à l’opinion de Galien que les sinus de la dure-mère tiennent à la fois de la nature des veines et de celle des artères, et qu’on pourrait les appeler veines artérieuses ou artères veineuses. Les anatomistes modernes ont aussi remarqué, quoiqu’en se plaçant à un autre point de vue, la différence que présentent les sinus avec le reste du système veineux. Cf. la Dissert. sur l’anatomie.