Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/457

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
DES ORGANES RESPIRATOIRES.

(ce qu’Asclépiade appelle les artères) n’ont pas cette dure tunique intérieure ? Ou bien, si vous le savez, penseriez-vous que quand une partie s’atrophie, c’est, non pas l’épaisseur, mais le nombre de ses tuniques qui diminue ? Ainsi l’estomac, chez les personnes excessivement maigres, présentera sans doute une seule tunique, et probablement quatre chez les personnes douées d’une bonne complexion. Ainsi encore, les yeux offriront trois tuniques, par exemple chez les gens attaqués de consomption (cette affection atrophie singulièrement les yeux), quatre dans les autres affections, cinq quand nous sommes bien portants, six, peut-être, chez les personnes d’une forte santé, sept chez les athlètes, un plus grand nombre encore chez les Milon et les Polydamas. Il serait beau de voir aussi le nombre des doigts augmenter dans la bonne santé et diminuer dans la mauvaise. Ce serait en effet un spectacle bien digne de la sagesse d’Asclépiade, que Thersite ayant trois doigts, par exemple, Ajax sept, Achille encore davantage, enfin qu’Orion et Talos en aient sans mesure, et plus, je pense, que les iules n’ont de pattes[1].

O illustre Asclépiade ! un homme qui appuie ses opinions sur des principes détestables, ne peut qu’être trouvé ridicule en tous points. En effet, c’est une Intelligence qui règle, qui ordonne toutes choses (voy. Phædon, p. 97 c-d), et non des atomes unis entre eux par le hasard. Si donc les artères du poumon offrent les caractères des veines, et les veines ceux des artères, c’est que cela était mieux ainsi. Si le cœur présente deux cavités (ventricules) chez les animaux pourvus d’un poumon, et une seule chez ceux qui n’en ont pas, c’est que cela était mieux aussi. Il existe des membranes (valvules) à chacun des orifices pour que le cœur ne se fatigue pas en vain, et un cinquième lobe du poumon

  1. Les éditions portent Αἴας τέτταρας (sc. δακτύλους). J’ai pensé qu’il valait mieux lire ἑπτά avec le manuscrit 2154 qui ajoute aussi le mot encore (ἔτι) après πλείους. — Pour les autres noms cités voyez Pape et Quicherat, Vocabul. des noms propres grecs et latins, et surtout Pauly, Real Encyclopædie der class. Alterthumswissenschaft,voc. — Le nom de Talos, a beaucoup préoccupé les commentateurs de Galien ; quelques-uns même, entre autres Alexandrinus, ont voulu le changer en celui d’Ephialtes, mais déjà Hoffmann (l. l., p. 116) a montré qu’il fallait conserver Τάλως qui est le nom d’un géant. Il en est de même pour Orion, qu’Alexandrinus changeait aussi en Otus, Ephialtes et Otus (Aloïdes) étant nommés par Homère.